Les fleurs n’apparaissent pas spontanément, à moins de les acheter en pot et de les transplanter dans son jardin.
Nous vivons dans une société du résultat instantané. On veut tout, tout de suite. La carte de crédit en est un exemple éloquent. Elle permet d’acheter maintenant un truc, même si on n’a pas encore les moyens de se le payer. »Acheter maintenant, payez plus tard ». C’est la notion du tout de suite qui compte. Or, cette approche va complètement à l’encontre des lois naturelles. Darwin a bien tenté la théorie de la génération spontanée, mais elle n’a pas tenue la route bien longtemps. Les fleurs sont d’abord plantées en terre et par petits changements minuscules, elles progressent, grandissent, franchissent le niveau du sol et s’élèvent vers le ciel en brandissant leurs couleurs.
Vendredi dernier, en zappant, je suis tombé sur l’émission Big Brother où Anne-Marie Losique était invitée. J’ai eu un choc en la voyant. Elle semble avoir été refaite en entier, botoxée, gonflée et remontée. On la reconnaissait à peine, elle semblait même porter un masque. Encore une fois, on assiste à un rejet du changement progressif. Elle a sans doute voulu redevenir « tout-de-suite », celle qu’elle était autrefois, sans vraiment y parvenir finalement, puisque le résultat est assez douteux.
Ne pas accepter de vieillir est presque normal, je dirais. Quand on voit les rides apparaître, les cheveux grisonner, quand les kilos s’additionnent, on se retrouve parfois avec une image de soi qui ne cadre plus avec celle que l’on a en tête et ça donne envie de changer les choses. Ici, en fait, il y a deux éléments. D’une part, il y a la notion du changement brusque et instantané qui est généralement nocif pour le corps et il y a la notion d’acceptation de l’ordre naturel des choses.
En janvier dernier, après avoir constaté que j’avais 5 livres de plus que mon poids habituel, j’ai eu envie de changer les choses. Depuis 3 mois, je marche donc de 4 à 5 km, à tous les matins, en me levant, suivi d’une session de push-up et de redressements et progressivement mon corps s’est transformé, sans efforts intenses. Je monte également les 10 étages à tous les matins au travail. Progressivement, voilà le mot qui décrit bien les choses. Je ne pense plus « transformation », mais « plaisir ». J’ai du plaisir à marcher à tous les matins et passant devant le miroir ce matin, je me suis dit « Ah ben tiens, j’ai changé! ». Je me souviens d’un ami qui voulait se remettre en forme et qui s’est mis à un entraînement si intensif qu’on aurait cru qu’il voulait entrer sans les Marines. Il s’est finalement blessé et a cessé son entraînement. Un collègue, au travail, a aussi voulu utiliser l’escalier, mais il le faisait 3 fois par jour, en montant et en descendant. C’est finalement devenu tellement exigeant qu’il a abandonné.
« Progressivement », est la méthode qui me paraît la plus efficace et plus conforme à notre univers. La génération du tout-tout-de-suite va surtout à l’encontre de la pérennité. Ça ne dure pas. Quand on fait les choses progressivement, on leur donne le temps de vraiment prendre racine.
Une fleur qui a poussé lentement, fera face au vent avec beaucoup plus d’aplomb qu’une fleur en pot transplantée dans un jardin. Comme le disait Danny Laferrière, à Haïti, les bâtiments sont tombés, mais les fleurs sont restées debout.
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