Mon grand-père votait « Bleu ». Il faut dire qu’il était propriétaire d’un commerce et à cette époque, pour lui, les conséquences d’une élection étaient majeures.
Dans le village, il y avait deux commerces principaux qui se disputaient le permis de vente d’alcool. Un rouge (Libéral) et un bleu (Union Nationale).
Quand les bleus l’emportaient aux élections, mon grand-père obtenait ou conservait son permis de vente d’alcool, sinon c’était l’autre qui en héritait, dès le lendemain des élections.
C’était aussi une époque où la fonction publique n’était pas protégée par des syndicats, de sorte que même les fonctionnaires pouvaient perdre leur job du jour au lendemain. J’avais un grand-oncle, bleu également, qui était ouvrier pour les travaux publics. Si le mauvais parti l’emportait, il se retrouvait au chômage.
À cette époque, l’allégeance politique n’était pas qu’une question d’opinion, c’était lié directement à la survie économique pour plusieurs électeurs. Mon grand-père répétait souvent à ses enfants que c’était grâce aux élections qu’il avait pu payer leurs études.
Depuis plusieurs mois, on entend beaucoup parler de corruption et de collusion, mais il faut bien se le dire, ce n’est pas nouveau et en fait, c’est probablement moins pire qu’à l’époque.
Répondre à Une femme libre Annuler la réponse.