Un petit plaisir, inspiré du blogue de d’Olivia Billington. Est-ce un nom d’artiste, d’ailleurs, c’est fort possible.
L’objectif est d’écrire une petite histoire qui doit contenir tous les mots proposés par les uns et les autres.
Voici les mots:
hésiter – incertitude – énigme – interroger – épreuve – sportif – doper – tricher – punir – injustifié – loi – attraction – terrien – aérien – météo
Consigne facultative : commencer le texte par « regardez-le »
Regardez-le, cet imbécile, assis là depuis vingt minutes à regarder sa page blanche. Il semble incapable de trouver une idée qui se tienne. D’autres se lanceraient sans hésiter, mais lui, accablé de doutes s’en croit incapable. Archh, je vais le laisser à ses incertitudes et me commander un café. Ce sera plus agréable que de le voir souffrir ainsi. D’ailleurs, parlant plaisir, elle est pas mal, la petite dernière embauchée récemment. Elle serait jolie même sans maquillage, j’en suis persuadé. Ses cheveux, légèrement décolorés et cette mèche mauve tressée à l’indienne, c’est original et très esthétique. Il y a pourtant une énigme dans son regard. Elle rit des dents, mais pas des yeux, comme si elle cachait un terrible secret. On aurait beau l’interroger, la torturer même, je doute qu’elle en dise plus. C’est comme ça, avec les secrets honteux. Ils sont trop profondément ancrés pour qu’on les déterre à la petite pelle. Je l’ai bien observée, derrière son comptoir. Elle est polie, rapide, efficace. Le patron doit bien l’apprécier. La regarder slalomer habilement entre les tables, parfois de face, parfois de côté, sans jamais renverser une goutte de café est diablement impressionnant. On se croirait aux épreuves de Sotchi, même si à dire vrai, les sportifs ici sont peu nombreux. Pour la plupart, la seule activité consiste à tourner les pages du journal ou porter la tasse à leurs lèvres. Il faudrait peut-être ajouter un petit quelque chose dans leur café, question de doper un peu leurs performances, parce que visiblement, la caféine, c’est insuffisant. Bof, je m’emmerde ici, faut le dire. Et le temps qui s’écoule trop lentement et ce mal de tête qui me laisse un trou béant, un coeur qui bat contre la tempe. Un simple courant d’air soulève un tourbillons de neurones en douleur. J’ai beau faire semblant que tout va bien, je ne peux pas vraiment tricher. Pas à mon âge. Passé la cinquantaine, il y a des plis qui ne déplient plus et de nouveaux qui naissent chaque jour. Ce sont les plaques tectoniques du temps qui créent ces chaînes de montagnes et ces creux dermiques. Ce n’est pas pour me punir pourtant, parce que j’ai fait une bonne vie. C’est carrément injustifié et ça me laisse en colère. Et ça augmente mon mal de tête. Allez savoir. Est-ce la loi de l’attraction ou celle de l’équilibre, difficile à dire. Dans un cas, on attire ce que l’on cherche, dans l’autre c’est la malchance qui s’installe un temps, parce qu’on ne peut toujours gagner. C’est comme ça. Sur une autre planète ce serait peut-être différent, mais je dois me faire à l’idée. Je suis terrien après tout. Plutôt terre à terre d’ailleurs. Trop peut-être. Ça me serait sans doute agréable de quitter un peu le sol, être plus léger, aérien, laisser mon esprit divaguer, porté par le vent, voguer au-dessus des nuages, plus près du soleil, sans avoir à tenir compte des bulletins météo, mais j’ai beau rêver de vitesse, ma Corolla ne sera jamais une Ferrari. Faut assumer qui l’on est.
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