Atelier d’écriture d’après photo, de Skriban.
Consigne: Écrire une histoire d’au plus 800 mots inspirée de l’image proposée:
Comme l’image d’un vieux poste de télé se précisant lentement dès on l’allume, mes rêves s’estompent peu à peu et mes idées se remettent en place. J’ai le corps lourd, engourdi. Je m’éveille gardant les yeux fermés. Le sol est piquant sous moi. J’entends le grésillement d’insectes entrecoupé de silences. Au loin, en sourdine, il y a des chants d’oiseaux. Ma peau est moite. Où suis-je? J’ouvre les yeux, me redressant brusquement, le cœur battant. Où suis-je? Qu’est-ce que je fais ici? Je me sens confuse, je n’y comprends rien. Je devrais pourtant être…dans mon lit. Oui, je devrais être dans mon lit. Je me souviens clairement m’être allongée sur mon lit dès mon retour du travail, toute habillée, épuisée de ma journée. La peur me noue soudain l’estomac. Ai-je été droguée, enlevée? Je m’examine rapidement touchant mon corps. Je n’ai pas de douleur, je n’ai pas été agressée, je suis intacte. Je porte mon regard autour de moi et il n’y a que des champs à perte de vue. Non, là derrière, une maison, des édifices au loin, une ville peut-être. Je ne connais pas cet endroit. Comment ai-je atterri ici? Mon Dieu, ma tête tourne, j’ai peur. Je me lève et me mets en marche en direction de cette maison. Je progresse lentement, c’est piquant et je suis pieds nus. Serais-je devenue amnésique? Non, pourtant, je me souviens parfaitement de ma journée d’hier et des précédentes. Le soleil est bas, estompé sous une couche nuageuse diffuse. On doit être en fin de journée. J’ai donc dormi très longtemps, pourtant je n’ai ni faim, ni soif. Oui en fait, j’ai soif maintenant.
En approchant la maison, je perçois du mouvement à gauche. Au fond de la cour arrière, il y a un homme en salopette bleue, affairé à réparer son camion, la tête penchée sous le capot. Je m’approche.
***
Ce doit être les câbles de l’alternateur qui sont trop usés, je devrais penser à les remplacer, me dis-je, m’essuyant les mains contre ma salopette. Je me redressai, refermant le capot quand je vis une jolie jeune femme en robe rouge s’avancer vers moi pieds nus en titubant. On pouvait lire la détresse dans son regard. Bougre, elle semble mal en point.
– « Hé, ça va ma petite dame? » Lui lançais-je m’avançant à sa rencontre. Elle se mit à me parler très vite dans une langue que je ne comprenais pas, de l’espagnol ou de l’italien peut-être.
– « Ho, un instant. Parlez-vous français? ». Elle me regarda et se tut un instant, prenant la mesure de la situation et je vis des larmes lui monter aux yeux. Elle se laissa choir à genou, les mains contre le visage. Lui prenant les épaules, je l’aidai à se relever en lui parlant doucement.
***
Je terminais la vaisselle, quand j’aperçu mon volage de mari tenir une jolie femme rousse par les épaules. « Ahhh, misère, il a recommencé! ». Ce vieux cochon a encore ramené une conquête à la maison. Je l’avais pourtant clairement avisé que s’il me refaisait encore le coup, ce serait la dernière fois de sa vie. Je vais lui régler son compte, une fois pour toute, à celui-là.
***
Je m’étais posé sur une branche, attiré par de magnifiques fruits rouges, quand j’entendis des cris d’homme plus bas. Ils étaient trois à se chamailler, et l’un d’entre eux, un peu à l’écart était aussi rouge et magnifique que ces petits fruits. Tout ce rouge me donna envie de chanter et j’entonnai un cri de joie. Soudain, il y eu une terrible déflagration et je m’envolai à toute vitesse pour me réfugier plus loin sur le toit de l’édifice, alerte et l’œil inquiet, près à décoller à la moindre menace. En bas, deux d’entre eux se tenaient debout, à côté du troisième, couché par terre, bleu et couvert de taches rouges. Décidément, c’est la journée du rouge, me dis-je, m’envolant au loin vers les champs.

Répondre à Gwenaëlle Annuler la réponse.