Atelier d’écriture: Une photo quelques mots
Principe: Une photo qui sert de base pour un texte. Ni genre, ni ton imposés. Seul le plaisir d’écrire. Encore et toujours.
Site: Bricabook
Six mois déjà qu’il m’a quitté. Il me manque tant. Pourtant, je ressens encore très clairement sa présence, près de moi. Il me suffit de fermer les yeux pour le voir, juste là. Il me suffirait d’allonger la main, pour le toucher, pour caresser doucement son épaule.
Cette petite flamme vacillante dans la pénombre me ramène toutefois tristement à la réalité, me rappelant qu’il s’est transformé, qu’il a quitté ce monde. J’aimerais tant m’éveiller, que tout cela cesse, que cette lourdeur s’évanouisse comme une bourrasque de vent qui tombe au sol subitement dans un nuage de feuilles mortes.
Quand je reviendrai à la maison, tout à l’heure, je souhaite qu’il soit là, qu’il me sourit de ses yeux moqueurs, avec un petit signe de tête entendu en soulevant légèrement sa casquette qu’il porte même à l’intérieur. Je souhaite me moquer de moi-même, de m’être laissée entraîner par mon imagination dans un scénario du pire, même si ma raison me dicte qu’une fois encore, mon cœur se serrera de retrouver sa chaise vide et que je pleurerai un peu en silence, déçue, seule, si seule, malgré tous ces gens qui m’entourent, me consolent et s’inquiètent pour moi.
Malgré les doux conseils qu’on me donne, j’ai conservé tout ses vêtements, au cas où il revienne. Je ne peux m’en défaire, j’en suis incapable. Ce serait comme le perdre une seconde fois, alors que tout ce qu’il a tenu ou touché s’est imprégné d’une partie de lui, de son odeur, de sa vitalité, de ses souvenirs. Où que je pose le regard, je vois des objets qui étaient les siens, sa canne, sa tasse préférée, ses bottes à l’entrée, près de la porte, sa casquette que j’ai posée sur le porte-manteau, là où il l’accrochait toujours en fin de journée, le livre qu’il n’a pu terminer, sur la petite table du salon et dont le signet ne sert qu’à marquer un milieu qui n’aura pas de fin. Je le revois avec ses mains calleuses et ce sourire que j’aimais tant et cette étincelle qu’il avait dans les yeux quand il me regardait et son rire communicateur quand il me prenait par la taille pour me faire valser dans la cuisine malgré mes protestations amusées.
Hier soir, j’ai enfilé sa veste de laine par-dessus ma jaquette et j’ai dormi, emmitouflée dans ses bras, comme avant, avant que la maladie ne me l’enlève subitement.

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