Flocons de Bonheur

On le pourchasse, on se l'achète, on le cherche chez l'autre, dans son regard, dans ses gestes. On vogue de plaisirs en plaisirs sans vraiment le toucher. Mais qu'est-ce donc alors que le bonheur?

Atelier d’écriture de Leiloona:

En s’inspirant d’une photo de Vincent Héquet, écrire, juste pour le plaisir d’écrire.

dunes

J’y reviens souvent. C’est ici que ça s’est passé, il y aura bientôt 12 ans. Ce lieu s’est imposé à moi dès le départ, comme une drogue dure, créant une dépendance instantanée, irréversible. C’est l’appel de la mer, le chant des sirènes. J’aime particulièrement y retrouver cette odeur d’iode, typique des algues en décomposition sur la plage au petit matin, le vent frais, chargé d’embruns, le sable humide où nos pieds s’enfoncent, rendant la marche difficile si on est pressé, mais tellement plaisante lorsqu’on on a tout son temps. Quand j’arrive aux limites de la dune, j’ai clairement le sentiment d’être au bout du monde et qu’au-delà, il n’y a que la mer à l’infini. On aurait beau plisser les yeux on ne verra rien d’autre que cette étendue ondulante à perte de vue, parcourues de vagues qui se brisent ici et là en moutons blanc sur l’horizon. Cette mer généreuse, abondante, nourricière, grouillante par dessous, là où la vie a sans doute trouvé ses origines. Je comprends les hommes d’avoir voulu s’inventer des vaisseaux et parcourir les mers, aller au bout du bout du monde. C’est comme observer les étoiles et rêver de s’y envoler, toujours plus loin dans cet univers sans fin. Toujours plus loin. Et à défaut d’avoir des ailes, il suffit d’une simple embarcation, quelques provisions et beaucoup de courage. C’est accessible à tous les rêveurs. J’aime toujours autant venir ici et m’asseoir dans les herbes hautes balayées par le vent, fermer les yeux et ne penser à rien, me contenter d’être là, vivant, simplement vivant. C’est ici, il y a bientôt 12 ans que j’ai pris la décision d’être heureux maintenant et pour toujours. Depuis, à chaque moment où la tristesse ou le stress m’envahit, je ferme les yeux et je me téléporte ici sur la dune.

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20 réponses à « Bonheur à saveur de mer »

  1. Avatar de Yiyï L'a RecYcle
    Yiyï L’a RecYcle

    merci…

  2. Avatar de blogadrienne

    oui, c’est ça, la mer: une source de bonheur 🙂

    1. Avatar de pierforest

      Oui, je constate que c’est le cas pour la plupart des gens.

  3. Avatar de saxaoul

    Aller en pensée dans un endroit qui me fait du bien, c’est quelque chose que je fais de temps en temps. J’ai aussi laissé un fardeau dans la montagne, ça m’a fait un bien fou !

    1. Avatar de pierforest

      @Saxaoul: Ah oui, la montagne a aussi cet effet sur moi, même si l’effort qu’on doit y mettre est plus grand avant de s’installer là où on profite pleinement du paysage.

  4. Avatar de unautreprof

    J’adore la mer! Je voulais cet été qu’on se loue un petit quelque chose au bord de l’eau. Mais avec l’accouchement et le fait que je doive accoucher à Sainte-Justine, je ne prendrai pas la chance, mais j’ai quand même regardé pour des dates en fin septembre. L’amoureux, le bébé et moi, près de l’eau (fleuve, mer…). Ça c’est le bonheur.

    1. Avatar de pierforest

      @UnAutreProf: C’est souvent plus facile de louer au début juin ou à la fin septembre, mais c’est sage de votre part d’attendre la venue de bébé. Il faut un certain temps pour s’adapter à tous ces changements que ça amène dans une vie et souvent, on préfère vivre ça dans un environnement bien à nous.

  5. Avatar de sarah

    Merci pour cette escapade maritime, en terre de fraicheur.
    J’ai senti le vent sur mon visage et le sable sous mes pieds nus…
    Idéal par cette chaleur!

    1. Avatar de pierforest

      @Sarah: La France a eu chaud ces derniers jours, c’est bien vrai.

  6. Avatar de

    Ce texte me parle beaucoup. J’ai tellement vécu ces moments d’extases pendant de nombreuses années. À partir de janvier 2009, je n’ai vécu qu’un tout petit peu plus qu’un an à l’extérieur de Havre-Saint-Pierre. Je voyais la mer tous les jours. Et chaque fois, c’est comme si je la voyais pour la première fois. Je n’avais besoin de rien d’autre. Rien. C’était toujours la même fascination. La mer me faisait rêver. J’était continuellement dans un état de contemplation et de méditation face à elle.

    1. Avatar de pierforest

      @Jackss: C’est le même sentiment qui revient, que la mer soit plus au nord ou plus au sud.

  7. Avatar de Solange

    La mer quand on y a goûté une fois, on reste sous son charme, quelque soit son humeur.

    1. Avatar de pierforest

      @Solange: Oh que oui.

  8. Avatar de Zoreilles

    Ce sont tes mots, plus que l’image, qui me ramènent inévitablement aux Îles de la Madeleine comme par enchantement. J’y serai d’ailleurs avec toute ma petite famille du 2 au 9 août prochain. J’y retourne encore… comme un saumon retourne à la source.

    L’infini, la mer, le ciel, le vent, les dunes, les îles, les bateaux, les phares, un univers dans lequel je me reconnais et je me ressource, le seul environnement où je peux admettre la mort, la mienne et celle de mes proches. C’est là, en marchant les dunes à l’infini face à la mer que je suis capable de faire tous les deuils que la vie m’impose.

    1. Avatar de pierforest

      @Zoreilles: Ah, les îles. C’est un magnifique coin de pays que je n’ai pas encore eu le privilège de visiter. Il fait partie de mes trucs « À faire absolument ». En terme d’appartenance, il y a là un nationalisme particulier. Ainsi, je pense que l’on se dit Madelinot avant d’être Québécois. C’est souvent le cas des îles. Le weekend dernier, le papa de mon gendre est décédé subitement d’on ne sait trop quoi encore. un décès, c’est toujours un choc quand on perd un être cher et c’est encore plus terrible quand ça survient comme ça, sans qu’on ne l’ait vu venir. Confronté à l’infini, à la mer, à un ciel étoilé, on réalise que la vie est beaucoup plus vaste que ce qui nous entoure et on peut plus facilement admettre que la vie dépasse les dimensions visibles, que ceux que l’on ne voit plus sont encore là, malgré tout.

      1. Avatar de Zoreilles

        C’est bien triste pour ton gendre, je souhaite qu’il ait eu une belle relation avec son père, ça l’aidera à faire ce deuil difficile. Les Madelinots se disent d’abord Madelinots, ensuite Québécois et Acadiens, pour eux, tout cela est intimement lié et indissoluble, tu as raison de dire qu’ils ont une fierté et un sentiment d’appartenance qui sont à la base, je crois, de leur grande hospitalité et de leur accueil légendaire.

        Pour reprendre ton expression « Confronté à l’infini », j’ai l’impression que ça favorise des réflexions en profondeur sur le sens de la vie.

  9. Avatar de nanoulaterre

    Ah, quel beau texte Pierre… Ça sent le vent, la paix, le bonheur… Et, oui, ces endroits sont comme une drogue dure. Je fais comme dans ton texte; lorsqu’il y a des moments durs, je regarde les images et videos de ma petite maisonnette aux Éboulements et retrouve mon équilibre. J’y pars bientôt d’ailleurs… Youpi!

    1. Avatar de pierforest

      @Nanou: Quand on arrive à ces endroits, il me semble que la première chose qu’on a envie de faire, c’est fermer les yeux et prendre une grande respiration. Je te souhaite de passer de belle vacances dans ta maisonnette.

      1. Avatar de nanoulaterre

        Merci beaucoup Pierre, j’y compte bien!

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