
Hier soir, j’écoutais une entrevue avec Lucien Bouchard à Télé-Québec, où il racontait son parcours politique, la période de Meech, sa démission du parti Conservateur, la création du bloc, le référendum de 95, sa venue au Parti Québécois….
J’ai toujours beaucoup admiré cet homme, son franc-parler, la cohérence de son propos. Il fut un homme d’état avec les qualités de chef comme on n’en avait pas vu depuis René Lévesques, bon négociateur, charismatique et avec une vision claire qu’il savait partager.
Ce documentaire a réouvert le blessure de 95, parce que je me souviens de la déception ressentie ce soir du 30 octobre, quand à moins de 1% d’écart, le Québec aurait pu devenir un pays.
En même temps, si les chiffres avaient été inversés, je doute que ça ait été facile. On ne fait pas un pays avec la moitié de la population qui rame dans une direction tandis que l’autre rame à contre-sens. Ça aurait facilement pu devenir un chaos. Le Fédéral qui refuse le résultat, réclame son propre référendum avec sa propre question, le reste du pays qui demande la démission du Québécois Jean Chrétien qui aurait été inapte selon eux à négocier cette séparation. Les amérindiens auraient demandé leur propre souveraineté, le morcellement du territoire, le Canada n’aurait pu accepter que les provinces maritimes soient isolées du reste du Canada, réclamant un couloir canadien au travers du Québec qui aurait forcément passé par Montréal qui aurait voulu rester au sein du Canada plutôt que du Québec, les ententes commerciales (Libre-échange, Norad, pacte de l’auto) qui auraient dûes être renégociées, bref, ça n’aurait pas été facile. Faisable, mais pas facile.
Suite au référendum de 95, le Fédéral a soumis un projet de loi sur la clareté référendaire dans laquelle il ne clarifie pas grand chose, invoquant surtout le fait que le résultat doit relever d’une « majorité claire » sans définir ce que signifie ce terme, mais laissant entendre que 50% + 1 est insuffisant pour sortir du Canada (même si c’était suffisant pour y entrer -Terre-Neuve en 1949-).
Tout cela pour dire que le Royaume-Uni vient de voter à un peu moins de 52% pour sortir de l’Union Européenne. Et c’est une majorité suffisamment claire dans un système démocratique pour entériner le résultat.
Mais bon, ça ne sera pas facile. Faisable, mais pas facile. L’Écosse voudra à nouveau se séparer et rejoindre l’Union Européenne, Peut-être l’Irlande également, les traités devront être renégociés, les douanes réinstaurées, les bourses s’écroulent et deviennent volatiles, c’est à suivre.
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