Atelier d’écriture de Leiloona.
En s’inspirant d’une photo de Julien Ribot, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

– Je fais un rêve étrange depuis quelques temps docteur. Je me retrouve devant une vieille maison délabrée et j’entends une voix d’enfant en détresse qui appelle de l’intérieur. Je tente désespérément d’ouvrir le gros portail, sans y parvenir alors que ces cris persistent et prennent toute la place. Je m’éveille ensuite en sueur, le coeur battant. J’ai fait trois fois ce rêve depuis jeudi dernier. Exactement le même rêve. Croyez-vous que ce soit une vision ou quelque chose du genre?
– Non, je ne crois pas. À travers les rêves, le subconscient s’exprime généralement en parabole. Il utilise des images de votre quotidien pour construire des scénarios représentatifs de ce qui vous préoccupe.
– Mais je n’ai jamais vu cette maison.
– Je comprends. Elle peut cependant être une reconstruction d’un souvenir d’enfance qui vous effrayait ou vous perturbait et dont les émotions vécues à l’époque s’apparentent à une situation que vous vivez maintenant. Est-ce que vous vivez une situation difficile actuellement, au travail ou à la maison?
– Honnêtement, rien qui sorte de l’ordinaire. Chaque jour ressemble au précédent.
– L’image est peut-être à un autre niveau. L’enfant qui crie pourrait être une partie de vous qui est enfermée dans votre quotidien et qui demande de l’aide pour être libérée. Ces journées répétitives qui se ressemblent toutes correspondent-elles à ce que vous aspirez dans la vie?
– Je ne me suis jamais trop posé la question. J’ai un travail un peu répétitif, mais sans stress qui me permet de vivre convenablement. Je vis seul avec mes chats Zoé et Bertrand. Je n’ai pas de problèmes de santé, j’ai un appartement sobre répondant à mes besoins et à mon budget et jusqu’à la semaine dernière, je dormais relativement bien. Si ce n’était de ces mauvais rêves, que demander de plus dans la vie?
– Si ça vous convient, c’est ce qui compte. La caractéristique répétitive de votre rêve est toutefois un peu préoccupante. Habituellement, elle est liée à un choc émotionnel important, à des émotions insupportables qui résultent d’un épisode violent ou traumatique et qui n’ont pu être intégrées parce que trop soudaines. La répétition permet à votre conscience de les apprivoiser et guérir progressivement si on peu le dire ainsi.
– Je n’ai rien vécu du genre.
– Ça peut aussi être par association. Parfois ce sont simplement des images vues à la télé ou sur internet qui génèrent un choc.
– Docteur, je n’ai pas internet et j’écoute très peu la télé. Je préfère lire de la poésie. Quoi qu’en y repensant, il y a bien cette histoire d’enlèvement d’enfants dont on parle depuis quelques temps et que je trouve vraiment terrible. De si jeunes enfants. Vous croyez que ça pourrait être lié à ça?
– C’est très possible en effet. C’est une affaire qui en perturbe plus d’un. Dites-vous cependant que nos forces policières travaillent d’arrache-pied sur cette affaires et qu’ils feront l’impossible pour les retrouver.
– Espérons-le. D’accord, Merci Docteur.
Dans les semaines qui suivirent, Paul eu encore ce cauchemar à répétition mais il garda tout cela pour lui. Le soir, après le travail, il arpentait souvent les rues, cherchant cette fameuse maison, mais sans résultat jusqu’à ce qu’il apprenne, le soir du 11 novembre que les enfants avaient enfin été retrouvés. Bien que mal en point, ils étaient tous vivants. Quel soulagement. La population pourrait enfin reprendre sa vie normale et permettre à nouveau aux enfants de retourner jouer au parc. Le prédateur, un homme dans la soixantaine discret et peu connu du voisinage, les avait enlevés et enchaînés à la cave pour une raison qu’il restait à élucider. Le choc pour Paul, fut d’apprendre qu’il s’agissait d’Armand Duteuil, un de ses collègues de travail.
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