Flocons de Bonheur

On le pourchasse, on se l'achète, on le cherche chez l'autre, dans son regard, dans ses gestes. On vogue de plaisirs en plaisirs sans vraiment le toucher. Mais qu'est-ce donc alors que le bonheur?

Je ne suis pas collectionneur, du moins je ne me perçois pas comme tel. Pourtant, ce matin, je me suis attardé à tous ces objets d’une autre époque dont on ne peut se défaire, parce qu’ils conservent une charge émotive positive. J’en ai quand même beaucoup. Du plus ancien au plus récent, il y a d’abord cet ensemble de vaisselle qui date probablement des années 60 et que j’ai vu toute ma jeunesse, à la maison, au chalet, puis que j’ai amené avec moi dans mon premier appartement d’étudiant. De marque Vogue, ces ensembles robustes et colorés étaient très répandus au Canada dans ces années. Et puis il y a cet autre ensemble de vaisselle à la bordure noire et fleurie que j’avais reçu comme cadeau de mariage par les collègues au travail. Incidemment, ça fait 30 ans aujourd’hui que l’on s’est mariés Josée et moi. Puis il y a l’ensemble à vaisselle Carmen Campagne qui a accompagné les premières années des enfants. Carmen Campagne a vendu des millions de copie de sa fameuse chanson « Pas capable de tirer ma vache ». Les Québécois aujourd’hui âgés d’une vingtaine d’années connaissent probablement tous les paroles. Il y aussi cette tasse d’Orléans Express où j’ai travaillé 25 ans, grandi professionnellement et connu des gens formidables à qui je pense encore souvent. Puis, il y a cette tasse qu’un de mes employés m’avait ramenée d’Algérie après un voyage auprès de sa famille. Azeddine, un chic type, m’avait fait découvrir l’histoire et la culture Kabyle. Cette autre tasse nous avait été donnée par des voisins à leur retour de vacances à New-York. Josée s’était occupée d’aller nourrir leur chat tous les jours pendant leur absence. Ce ne sont pas des objets de collection. Je les utilise régulièrement et forcément, ils s’usent, mais à chaque fois, ils ouvrent aussi une porte sur des souvenirs heureux, ce qui forcément, contribuent à mon bonheur.

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5 réponses à « Une porte qui s’ouvre »

  1. Avatar de Latmospherique
    Latmospherique

    Quand les objets font ressurgir des souvenirs heureux, c’est un bonheur de les utiliser, de les sortir des armoires, de les regarder vivre…lls sont en quelque sorte une partie de nous.

    1. Avatar de pierforest

      C’est un peu comme si l’histoire était inscrite dans ces objets. Je pense ici à un ami qui était parti au boulot sur un quart de nuit. À son retour à la maison, il ne restait plus rien. La maison avait été rasée par les flammes. Tout ce qui lui restait, il l’avait sur le dos et dans sa mémoire. Je m’attache beaucoup aux lieux où je vis, aux objets que je touche comme s’ils étaient une extension de moi dans laquelle j’enfouis des souvenirs.

      1. Avatar de Latmospherique
        Latmospherique

        Je comprends.
        Pour ma part je ne m’attache plus, depuis le jour où je suis partie en laissant tout derrière moi.

  2. Avatar de pierforest

    Oui, chacun son histoire.

  3. Avatar de Zoreilles

    On a ça en commun, conserver des objets qui sont remplis d’histoires belles et touchantes, des souvenirs des gens qu’on a aimés et de toutes les époques qu’on a vécues et qui nous ont fait tel que nous sommes. Tu imagines le déchirement quand on a dû vendre notre grande maison au lac Dufault il y a 5 ans pour emménager dans une plus petite? J’ai commencé au moins 6 mois d’avance et donner, offrir, réutiliser mais jamais je n’ai rien vendu, tout aurait été hors de prix de toute façon. J’ai fait beaucoup de deuils et constamment, depuis ce temps, je m’applique à toujours plus de simplicité alors ce qui reste, meubles, encadrements, objets utiles, vaisselles, lingerie, nappes, broderies, livres, c’est maintenant la crème de la crème! J’ai pas hâte de m’en aller en résidence… dans 20 ans!

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