Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra K., En s’inspirant d’une photo d’Alexandra Koszelyk, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

Dans les bureaux de Plaxelys, au 19ième étage du 1500 Boulevard Maisonneuve, Alfred Lumière s’agitait sur son siège devant le comité d’évaluation des innovations, pour les convaincre de financer son nouveau projet.
— Pour le dire simplement, nous vivons tous dans le présent, en percevant des informations passées qu’on interprète pour anticiper le futur.
— Vous trouvez ça simple comme explication vous? retorqua la Vice-présidente Science et technologie, un sourire aux lèvres, avec une soudaine impression de perdre son temps.
— Bien sûr. Réfléchissez. Dans notre univers, le temps et la lumière sont intimement liés. Einstein l’a d’ailleurs démontré clairement. Ce qu’on voit ici, maintenant, est en fait une interprétation de notre cerveau découlant des informations reçues du nerf optique, lequel a été frappé par une série de particules lumineuses provenant de la scène qui se déroulAIT devant nous. Entre l’émission des particules lumineuses et l’interprétation du cerveau, il s’est écoulé entre 80 et 100 millisecondes. Ce que l’on voit est donc systématiquement une image du passé, de quelques millisecondes, j’en conviens, mais tout de même du passé. Vous me suivez?
— Je veux bien, mais encore.
— Je vous propose ici un prototype permettant de voir encore plus loin dans le passé, aussi loin qu’on le souhaite. Une machine à reculer dans le temps. Une machine qui permet de revoir n’importe quelle scène passée comme si on y était. Pensez un peu aux retombées pour l’humanité toute entière. C’est gigantesque! Au niveau légal, par exemple, aucune preuve, aucun témoignage ne pourrait devenir contestable, puisqu’on pourrait présenter la réalité passée tel un fait vérifiable. Plus de mensonges ou de cachettes de la part des Gouvernements, entreprises ou individus, on devrait vivre en totale transparence, en totale vérité. Au niveau historique, on pourrait revoir et étudier en détail les événements passés, mieux comprendre les Grands personnages ayant marqué notre histoire. Au niveau familial ou personnel, on pourrait revisiter à loisir n’importe quel moment de sa vie, revoir tout ceux qui nous tiennent à cœur et qui sont décédés, par simple nostalgie ou pour mieux les comprendre. Comprenez-vous l’ampleur de ce que je vous dis?
— Et vous êtes arrivés à faire ça, vous? lança sceptique, la Vice-Présidente.
— Oui, tout à fait. Si vous voulez, je vous fais une démonstration. Accompagnez-moi dans mon laboratoire et je vous le ferai vivre par vous-même. Incertaine à savoir si elle avait devant elle un fou ou un génie (peut-être les deux), La Vice-Présidente accepta l’offre, mais à condition d’être accompagnée d’un comité de son choix (et de deux gardes du corps), même si elle garda cette dernière pensée juste pour elle. Ils se donnèrent rendez-vous pour le lendemain à l’adresse indiquée par Alfred.
Le comité se présenta le lendemain devant une vieille maison passablement délabrée. On aurait cru être à la mauvaise adresse, si ce n’était d’une large inscription peinte au mur du garage à l’arrière qui annonçait: « Modern’ Cinema » qui cadrait tout de même avec le thème. Devant l’état de la demeure, la Vice-Présidente laissa tout de même échapper un long soupir, déjà gênée à l’idée qu’on la taquine à répétition par la suite pour s’être laissée embarquer dans cette histoire par un hurluberlu.
— Attendez-nous ici, dit-elle au comité. J’irai seule avec Antoine. À la carrure d’Antoine, on devinait son rôle. Ils montèrent les marches pour atteindre la petite pièce au dessus du garage et elle frappa. Une fois. Deux fois.
— Monsieur Lumière, vous-êtes là?
Toujours sans réponse, elle tourna la poignée. La porte n’était pas verrouillée.
— Entrez d’abord svp Antoine, mais soyez sur vos gardes. Je vous suis.
À l’intérieur, tout avait été saccagé. Les meubles étaient renversés, les tiroirs avaient été vidés de leur contenu. Des traces au sol, laissaient penser qu’on avait retiré de gros appareils. Un peu plus loin, le corps d’Alfred Lumière gisait par terre entouré d’une large flaque de sang. De toute évidence, on l’avait assassiné. Signalant le 911, Antoine dit de ne pas s’inquiéter, qu’il se chargerait de tout pour la suite des événements. La Vice-Présidente, choquée et bouleversée, retourna au bureau.
Attendant l’arrivée des forces policières, Antoine sorti un second cellulaire de sa poche et appuya sur la seule touche de l’appareil.
— Tout est sous contrôle Monsieur, dit Antoine. Les choses se déroulent comme prévues.
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