
J’émerge d’un rêve un peu perturbant au son de « I can’t get no Satisfaction » des Rolling Stones. Je prends peu à peu conscience des douleurs qui irradient mon corps. Un mal électrisant se répand en moi par vagues successives se fracassant sur la jetée. La souffrance est partout: Dans mon dos, dans mon cou, dans les muscles de mes épaules, de mes bras, de mes fesses, de mes jambes, mes mollets, même mes chevilles. La tête a été épargnée. Heureusement.
J’ouvre les yeux. Dure nuit. La belle créature est là, toujours assoupie à mes côtés. Nous avons fait l’amour pendant des heures. Enfin, si on peut appeler ça ainsi. Nous avons échangé nos fluides corporels et une partie d’elle est maintenant en moi. Je comprends que la douleur annonce clairement le changement auquel je m’attendais, que j’espérais. Je me transforme. On dit que l’amour transforme les gens, mais il ne s’agit pas vraiment de ça ici, c’est plutôt une expérience scientifique et un peu ludique pour ne pas dire lubrique. J’étire péniblement le bras pour faire taire le réveil qui crache de sa voix criarde « Cause I tried and I tried and I tried and I tried ».
Ah, quelle curieuse synchronicité! Après avoir tenté tant de fois sans succès une hybridation des deux races par toutes sortes de moyens et techniques avancées, alors que peut-être une nuit d’amour…enfin, si on peut s’exprimer ainsi. Malgré la douleur je me sens euphorique. je me vois comme un pionnier contournant les chemins traditionnels, prenant des risques en m’injectant ma propre formulation au mépris du danger pour prouver à tous que j’avais raison. Que je n’étais pas fou. On reconnaîtra alors mon génie visionnaire. je sauverai la planète de cette infernale spirale de consommation qui l’épuise et menace l’humanité. La créature dort toujours paisiblement, n’ayant visiblement pas été incommodée, elle, par les Rolling Stones qui m’avaient un peu brutalement ramené à la réalité.
Je me levai et me rendis à la salle de bain pour uriner longuement et libérer cette pression que j’avais au bas-ventre. Ah, que ça fait du bien, pensai-je alignant le jet au milieu de la toilette. Ce pipi du matin est assurément un des plaisirs inavoués les plus répandus depuis la nuit des temps! En me lavant les mains par la suite, je vis mon reflet dans le miroir et constatai que les veines de la partie haute de ma poitrine étaient vraiment devenues saillantes sous la peau. Je m’y attendais un peu. Je les touchai du doigt. C’est douloureux. Mes idées bouillonnaient et les Rolling Stone, inarrêtables, tournaient en boucle encore et encore dans ma tête comme un vers d’oreille. J’eu envie de prendre une douche glacée pour éloigner un peu la douleur et calmer mon esprit. J’avalai deux cachets contre la douleur et entrai sous la douche, l’eau froide au maximum du tolérable. Ça aida en effet. Quand je revins dans la chambre pour me vêtir, la créature n’était plus là. Je m’habillai et descendis à la cuisine. Elle n’y était pas non plus. Par la fenêtre, je l’aperçus. Elle était allongée toute nue sur la chaise longue, sa peau verte, lisse et luisante sous les rayons du soleil. Je sortis la rejoindre. Le soleil me paru aussitôt incroyablement bénéfique. Je me senti investi d’une énergie nouvelle. Était ce déjà ça? Wow.
Ce qui rendait pour moi l’hybridation des races si importante était leur impressionnante et tant désirée capacité à tirer leur énergie directement du soleil, comme le font les plantes. Si l’humanité pouvait ainsi s’alimenter de la lumière du soleil, on cesserait d’épuiser la planète de ses ressources, du moins pour tout ce qui touche l’alimentation et on mettrait fin aux famines qui tuent encore tant d’habitants sur notre planète. Ce serait une avancée majeure pour l’humanité.
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