
Elle se fait appeler Kreahhbt. C’est un diminutif pour son vrai nom qu’on n’arrive pas à prononcer, surtout à cause des syllabes gutturales.
Leur vaisseau spatial s’était posé au milieu du champs à proximité de notre village, à Richelieu, cinq années auparavant, en 2029. On n’a jamais su vraiment pourquoi ils avaient choisi de s’installer chez nous, mais leur venue avaient doublé du coup la population locale à un peu plus de 12,000 citoyens. La moitié étant autochtones, nous, l’autre moitié, eux, venant de Proxima Centauri b, leur planète située à 4,2 années-lumière de la terre.
À l’époque, un site militaro scientifique, surtout militaire, de plusieurs centaines de bâtiments temporaires, de laboratoires et de multiples tentes avaient été rapidement installés en périphérie du périmètre de protection érigé par l’armée. J’estime aujourd’hui à plus ou moins mille, le nombre de scientifiques et militaires qui se trouvent maintenant sur le site de façon temporaire ou permanente. Tout cet achalandage, sans compter les multiples curieux et touristes ont rapidement fait gonfler l’achalandage de nos commerces locaux qui font, par ailleurs, de très très bonnes affaires depuis. Évidemment, on a depuis longtemps dû faire une croix sur la tranquillité dont on bénéficiait auparavant à Richelieu. Avec les barrages de contrôle et l’omniprésence des militaires dans nos rues, l’atmosphère avait complètement changée. Par contre, la criminalité, même la petite délinquance des ados avait complètement cessé. C’était toujours ça de pris.
La ressemblance morphologique entre leur race et la nôtre avait facilité les choses. Évidemment, la question du « eux » et du « nous » était tout de même vite devenu un enjeu important, comme à chaque fois où deux groupes distincts sont mis en contact. Heureusement, leur nature fondamentalement pacifique avait su éloigner les craintes de nos dirigeants et de la hiérarchie militaire. Ils ne venaient pas pour nous envahir ou nous exterminer. Ils venaient délibérément nous aider, avant qu’il ne soit trop tard. L’univers est grand, mais le nombre de planètes où la vie a pu s’installer et croître reste limité. Ils souhaitaient éviter que l’on fasse à notre planète ce qu’ils avaient fait à la leur.
En partageant leurs connaissances et certaines de leurs technologies très avancées, notamment en matière de transformation et stockage de l’énergie, ils avaient considérablement réduit nos craintes. On a, par ailleurs, vite pris conscience des avantages qu’on pouvait en tirer. C’est fou à quel point les choses deviennent plus simples, quand on accède presque sans frais à de l’énergie à volonté. Les transports, le chauffage ou la climatisation des habitations, tout ce qui requiert de l’électricité n’est plus un enjeu. C’est aussi un des facteurs qui a le plus d’impact sur la dégradation de notre climat.
L’autre élément majeur concernait la surexploitation des ressources de notre planète. On le sait depuis longtemps, on ne se contente pas sur terre de consommer annuellement uniquement une partie des ressources renouvelables, on épuise notre capital environnemental. Pour les Centauriens, cet enjeu était critique et essentiellement attribuable à l’ensemble des ressources que l’on tire de la planète pour nourrir les 9 milliards d’humains que nous sommes. Pour les Centauriens, la question ne se posait pas de la même façon, puisqu’ils disposaient d’une faculté unique leur permettant de s’alimenter par photosynthèse. Comme les plantes. Donc, pas besoin d’agriculture, de bétail, d’usine de transformation, de tout ce qui concerne le secteur de l’alimentation, pas de famine. Imaginez!!!
On m’avait invité vingt mois auparavant à joindre l’équipe scientifique. Mon expérience antérieure avec CRISPR-Cas9 avait notamment été invoquée dans ma sélection et on comptait sur mon aide pour réaliser certaines expériences d’hybridation. On espérait ainsi pouvoir intégrer cette étonnante faculté à notre code génétique. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance, de cette créature nommée Kreahhbt.
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