Archives de octobre, 2010

Autant j’avais hâte au début de la session, autant arrivé à la mi-session, je me sens un peu essoufflé. C’est typique. Je revis la situation session après session depuis plusieurs années déjà. Cette session, je me rends à l’université 4 soirs par semaine, après le travail, jusqu’à 20h ou 21h. Je reprends ensuite  le chemin vers ma lointaine banlieue pour récupérer jusqu’au lendemain. Arrivé à la mi-session, il faut ajouter le temps pour se préparer aux examens et terminer les travaux à remettre. C’est à la fois plaisant et essoufflant. J’aime beaucoup l’ambiance universitaire, ce contact avec la connaissance en ébullition.

Et puis comme je n’avais plus le temps de prendre des marches d’une heure et demi à tous les matins, j’ai écourté celles-ci à 35 minutes en alternant marche et course. Ajoutons que je laisse ma voiture au centre-ville, là où mon stationnement est payé et je monte à pied jusqu’au pavillon de l’UQAM, ce qui ajoute une vingtaine de minutes de marche. Faut garder la forme. Les efforts que j’y ai mis depuis janvier dernier ont donné les résultats escomptés, alors il suffit juste de continuer.

Un ami disait me trouver courageux d’avoir entrepris ces cours à temps partiel, mais ce n’est finalement pas si pire, une fois qu’on s’est habitué au rythme et par ailleurs, ça permet de mieux apprécier les temps libres quand il y en a.

Rien de tel que de manquer de quelque chose pour apprendre à l’apprécier. C’est la thérapie par le manque.

Plus une société est socialiste, plus on y privilégie la richesse collective et plus une société est capitaliste, plus on privilégie la richesse individuelle.

Généralement, une société pauvre devra partager davantage, avoir des biens communs, parce que personne n’a les moyens de tout posséder. Au cours des 50 dernières années, force est de constater qu’il y a eu une individualisation croissante au sein des pays occidentaux.

Le cocooning est un  exemple de ce phénomène. Il est lié avec l’enrichissement général de la société. Posséder un téléviseur (à écran plat), un four à micro-onde, une laveuse, sécheuse, un lave-vaisselle, une automobile n’est pas réservé qu’aux plus riches. On considère ces appareils comme faisant partie des biens normaux de la classe moyenne, celle qui forme la majorité.

Ce qui est vrai pour les biens, l’est également pour les valeurs. On s’individualise. On pense davantage à soi qu’aux autres. C’est le concept du « Pas dans ma cours ». Tous sont d’accord pour qu’on coupe dans les dépenses gouvernementales, mais personne n’accepte que les services auxquels on a droit soient limités. Coupons allègrement dans les folles dépenses, réduisons le salaire des élus, des fonctionnaires, réduisons le nombre d’employés de l’état, mais ne venez surtout pas me dire qu’il me faudra attendre plusieurs heures si je me présente à l’urgence d’un hôpital, c’est inacceptable. Ce n’est pas une question d’argent, mais d’organisation se dira-t-on. C’est plus facile d’adopter cette approche. Ainsi, on peut se dire que les services pourraient être améliorés, même en coupant dans les coûts. Il y a un peu de pensée magique dans tout cela.

En s’individualisant, en se cocoonant on développe aussi une certaine nostalgie pour le collectif, pour les causes communes. On reste tiraillé entre les deux extrêmes. On souhaiterait la richesse individuelle au niveau des biens et la le partage, le collectif au niveau des valeurs, or les valeurs communes diminuent à mesure que s’accumulent les richesses individuelles. Quel dilemme.

Cette question m’amène sur le terrain de la langue. Au Québec, il a fallu lutter fort, au cours des 50 dernières années pour que le français soit reconnu pour ce qu’il est aujourd’hui, soit la langue principale du Québec. Il y a 50 ans, même si 82% de la population avait le français pour langue d’usage courant,  tout ce qui concernait le pouvoir et l’argent se passait en anglais. Le français était la langue « que l’on parle à la maison », un peu comme celle de l’immigrant qui s’installe dans un nouveau pays.

Les choses ont bien changé. Les jeunes aujourd’hui, ne perçoivent pas de menace particulière, ne sentent pas que le français est une langue qui les exclu du pouvoir et de l’argent. Par contre, être en mesure de parler l’anglais est un plus pour eux. On voyage plus aujourd’hui qu’autrefois et l’anglais est devenu une langue neutre, la principale langue seconde à travers le monde, celle qui permet à un étranger de se faire comprendre dans la plupart des pays.

L’apprentissage de l’anglais est donc une richesse individuelle.

Ce qui est vrai pour l’individuel, par ailleurs, n’a pas la même signification quand on le porte au niveau collectif. Si pour un individu, maîtriser plusieurs langues est une richesse, pour un peuple, le bilinguisme n’est que le passage d’une langue à une autre, celle qui sera la plus utile et la plus dominante.  Certains experts prévoient qu’au cours du présent siècle de 50 % à 90 % des langues parlées actuelles disparaîtront, c’est-à-dire de 3000 à 4000 langues.

 

On s’est bien tiré de la crise économique au Québec et au Canada paraît-il. Toutefois, ça ne s’est pas fait sans mal.

Les conséquences, c’est qu’on a hypothéqué l’avenir pour adoucir le présent. Au cours de l’exercice 2009-2010, le Gouvernement fédéral aura accumulé un déficit de $50 milliards. Durant la même période, le Gouvernement Provincial aura accumulé une déficit de $4,7 milliards.

Un déficit, c’est dépenser plus d’argent que ce qu’on a.

Considérant qu’il y a 34 millions de Canadiens et 7,8 millions de Québécois, la part du déficit attribuable à chaque individu du Québec est donc de $2073 pour l’année 2009-2010.  Notre part familiale chez nous (5 personnes) est donc de plus de $10,000 pour cette seule année 2009-2010. C’est le montant qu’il aurait fallu soustraire du revenu familial pour passer à travers la crise sans s’endetter.

Et ne nous faisons pas d’illusion. Puisque ce montant ne sera pas remboursé tout de suite, il est donc emprunté avec intérêts et représentera probablement le double en bout de ligne. L’année prochaine, les déficits ne seront pas éliminés non plus. Les Gouvernements nous disent qu’il faudra de 5 à 10 ans avant de revenir à l’équilibre budgétaire.

Du côté de nos amis américains, c’est encore plus catastrophique. La part individuelle du déficit pour chaque américain représente plus de $5000 pour l’année en cours.

Lors de cette crise économique, (oui oui, on a vraiment eu une crise) Les Gouvernements ont mis en pratique les théories d’un dénommé Keyne, suggérant qu’il y a toujours des cycles économiques et que c’est le rôle des Gouvernements d’investir dans l’économie quand ça va mal.

Évidemment, ce modèle tient correctement la route en autant que les mêmes Gouvernements mettent des sous de côté quand ça va bien. C’est généralement la partie manquante de l’équation. Ainsi, quand ça va bien, on continue à dépenser et à investir tout ce qu’on a et quand ça va mal, on dépense encore plus. C’est à se demander combien de temps ça va prendre avant que tout ne s’écroule vraiment.

Et pourquoi les Gouvernements agissent-ils ainsi?

Parce que c’est ce que le peuple leur demande. Parce qu’on considère encore que ces dettes sont celles des Gouvernements et non les nôtres. Si j’avais reçu une facture à mon nom de $10,000 pour payer les dommages causés par la crise économique en 2010, croyez-vous que j’aurai acheté une nouvelle voiture? Ben non. J’aurai d’abord payé mes dettes, mais comme ces dettes sont celles des Gouvernements et non les miennes, je continue ma vie comme si de rien n’était et je fais « rouler l’économie ».

Sauf que cette façon de voir les choses ne nous incite pas vraiment à faire du ménage dans nos dépenses. On se contente de pelleter en avant sans trop se poser de questions. Et puis si un Gouvernement veut couper trop sévèrement dans les dépenses, on aura juste à élire un autre Parti politique qui nous promettra, lui, de dépenser davantage.

Au fond, on a les Gouvernements que l’on mérite.

« – […] Tu l’ouvres, et tu y trouves tout ce dont tu as besoin.

– Un livre magique!

– Non. Tu peux faire la même chose avec n’importe quel livre. »

Ces mots sont tirés du livre « Illusion ou la venue d’un messie récalcitrant ».

Un livre culte, que je lis et relis sans me lasser, un peu comme l’histoire du Petit Prince. Il faut dire que Richard Bach et St-Exupery avaient tant de choses en commun, qu’on aurait pu croire que l’un et l’autre ne faisaient qu’un.

Quoi qu’il en soit, j’ai ouvert le premier livre à ma portée, à une page au hasard. Sur cette même page, côte à côte, on trouvait les mots suivants:

Soucoupe, soudain, souder, soudoyer, souffler, souffrance, souhait, soulagement, soûler, soulèvement, soumettre, soupage, soupçon, soupir, source.

Avec ces mots, on peut raconter l’histoire d’une vie.