Archives de décembre, 2014

Une vie sans tache

Publié: 29 décembre, 2014 dans Écriture, bêtise humaine

Atelier d’écriture: Une photo quelques mots

Principe: Une photo qui sert de base pour un texte. Ni genre, ni ton imposés. Seul le plaisir d’écrire. Encore et toujours.

Site: Bricabook

Photo:Marion Pluss

echiquier

Qu’est-ce que vous voyez? demanda le Dr Gilbert, en lui présentant la photo d’un échiquier.

Je vois un plateau blanc couvert de taches noires, répondit Paul. Voilà comment il voyait sa vie, toute blanche et pure à l’origine, puis la malchance, le malheur, les coïncidences, les mauvais choix avaient progressivement barbouillé celle-ci de vilaines taches qui la rendaient moins attrayante.

Et pourquoi pas un plateau noir couvert de cases blanches lui demanda le Docteur?

Paul observa l’échiquier un moment, réfléchit puis s’exclama avec convictions: Non, il s’agit vraiment d’un tableau blanc. Je n’arrive pas à imaginer le tableau complètement noir.

Il y a donc de l’espoir?

Hmmm…enfin, oui, je suppose, mais je pensais surtout à un tableau noir à l’origine. Même si on ne nait pas tous égaux, le tableau est toujours assez rose, enfin blanc, au départ, du moins, en autant qu’on ait une mère présente.

Et votre mère, elle était comment?

Elle était toute petite. Petite, mais forte. De caractère bien sûr, mais aussi dans son corps. Elle abattait un boulot considérable, quand j’y pense aujourd’hui. Elle se démenait corps et âme pour nous nourrir mon frère et moi.

Votre frère?

Oui. Mon jeune frère…Je ne l’ai pas revu depuis des années…On ne se parle plus.

Ça vous manque?

Non, pas vraiment. J’aimais la complicité qu’on avait tous les deux ,enfants, avant que la passion des femmes ne nous mettent en conflit l’un et l’autre. Il plaisait aux femmes, mon frère Jean, mais son plus grand défi était toujours de séduire celle qui m’accompagnait. À la fin, on en est venu aux coups, puis, on a cessé de se parler. Je ne lui ai pas reparlé depuis le jour où j’ai quitté la maison.

Vous voyez toujours votre mère?

Non, pas vraiment. En fait, je n’ai pas tout à fait quitté la maison de mon plein gré. Disons qu’elle m’y a un peu aidé.

Elle vous a jeté dehors?

On peut dire cela. J’avais mis mon frère dans un sale état après qu’il eut fait de l’oeil à ma copine Marguerite et ma mère n’avait pas du tout aimé que je lui arrange un peu le portrait. Il faut dire que mon frère était son préféré, alors, forcément, j’avais toujours tort. Elle me disait que j’étais jaloux maladif, que j’étais incapable de me contrôler et que c’est pour cela que les femmes préféraient Jean. Alors, le lendemain de cette fameuse bagarre, quand je suis revenu à la maison, les serrures avaient été remplacées et mes valises étaient empilées à l’entrée. Pas besoin d’un dessin, j’avais compris.

Et qu’avez-vous fait?

Je suis allé frapper à la porte de Marguerite…mais Jean était là, alors ça s’est mal passé.

Vous l’avez battu?

Juste un peu à l’oeil gauche. Ses pires blessures dataient de la veille.

Et vous vous êtes senti comment?

J’étais encore en colère contre lui, mais aussi contre Marguerite qui m’avait trahi, d’une certaine façon. Elle tenait Jean dans ses bras et me criait des trucs du genre salaud et tout et tout, alors j’ai eu envie de la battre un peu elle aussi.

Et vous l’avez fait?

Non. J’avais déjà du sang sur les mains et je n’aurais pas voulu tacher sa jolie robe blanche.

C’est la robe qui vous importait?

Oui, je déteste les taches sur une surface blanche et pure.

Et les échecs vous aimez?

Vous moquez pas de moi Doc ou je vous colle une baffe.

Soyez vrai!

Publié: 25 décembre, 2014 dans Bonheur, Coup de coeur, famille

Pape

Un Noel magique

Publié: 21 décembre, 2014 dans amour, Bonheur, famille, Juste du bonheur, plaisir, Société

À Noel, cette année, pour la première fois, nous réunirons quatre générations, sous le même toit. Du bien-aimé Gaétan, 83 ans à son arrière-petite-fille, la mignonne Béatrice qui aura alors trois mois, tous le clan sera rassemblé dans la maison familiale. La famille, dans ces instants, ressemble à un immense feu de camp autour duquel on assoit tous ensemble pour célébrer ces liens qui nous unissent. Il marque le passage du temps autant que l’amour qui persiste avec nos proches.

Ci-dessus, la première fois où ma petite-fille Béatrice a essayé un tapis volant et ci-dessous, ma chanson de Noel préférée, tel que demandée par Leiloona.

Atelier d’écriture: Une photo quelques mots

Principe: Une photo qui sert de base pour un texte. Ni genre, ni ton imposés. Seul le plaisir d’écrire. Encore et toujours.

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Photo:Romaric Cazaux

Musique: Christmas song – Silent night instrumental – piano and violin duet

deDos

Une ombre passa devant la maison de Gisèle au 12 rue Laviolette et elle eut soudain très envie de faire la paix avec sa fille Camille. Il est temps, se dit-elle, de mettre de côté nos incessantes querelles et partager ensemble, mère et fille, cette période des Fêtes, comme on le faisait autrefois quand Camille était toute petite et qu’elle s’émerveillait encore devant l’arbre soigneusement décoré. Le cœur battant, elle prit le téléphone et composa le numéro de sa fille pour la convaincre de revenir à la maison. La sonnerie coupa instantanément la musique de Guns & Roses et fit sursauter Camille qui somnolait sur un banc du parc. Son bonnet était recouvert d’une mince couche de neige et elle frissonna en reconnaissant le numéro. Camille décrocha. « Allo, Maman? ».

2500 ans plus tôt, le même jour, un vagabond passa devant la villa de Sylvius. Debout à l’arrière, Sylvius faisait face au soleil levant qui s’étalait sur la mer, telle une route pavée d’or. Il se senti tout à coup particulièrement inspiré et il eut très envie de sculpter dans le sable cette image qu’il avait en tête, d’une mère regardant tendrement l’enfant qu’elle tenait dans ses bras.

À mille lieux de là et dans un autre temps,  Jeanne s’éveilla et se souvint avoir rêvé de Léo. Il était là, près d’elle, souriant, lui prenant la main et lui disant de ne pas s’en faire que tout irait bien, qu’ils seraient bientôt réunis, mais que d’ici là, elle devait apprécier le don de vie. Ce jour-là, pour la première fois depuis des mois, Jeanne se sentie légère, libérée d’un poids énorme qui l’empêchait de respirer librement. Elle se leva et aperçu par la fenêtre, la neige qui tombait paresseusement à gros flocons et elle sourit. Au loin, un homme marchait lentement, jetant un regard attentif à chacune des maisons qu’il croisait. Léo aurait aimé cette journée, pensa-t-elle. Elle s’habilla chaudement et sortie. Jeanne leva la tête, ferma les yeux et ouvrit la bouche, pour cueillir de gros flocons sur sa langue, comme elle aimait le faire quand elle était toute petite. Le bonheur était revenu chez elle.

Les premières contractions éveillèrent Julia. C’était un peu plus tôt que prévu et elle fut prise d’un mélange de joie et d’appréhension face à ce qui l’attendait. Patrick lui demanda si tout allait bien. « Je crois que ça va être aujourd’hui. » lui répondit-elle. Quelques heures plus tard, comblée de bonheur et les yeux brillants, elle tenait sur son ventre un magnifique petit garçon qu’elle et Patrick nommèrent Joshua.

Durant les quelques jours précédant le 25 décembre et depuis des millénaires, il arpente les routes, ruelles, chemins et sentiers. Il sonde le cœur et les pensées de chaque homme, femme et enfant. C’est le Père Noel noir, celui qui prend au lieu de donner. Il s’approprie toutes les noirceurs de l’âme et de l’esprit, il arrache l’angoisse, la peur, l’anxiété, la colère, la peine, la haine, la tristesse et la douleur, il purifie les cœurs pour préparer chacun à accueillir avec bonheur cette journée si spéciale. Soyez attentif, il est peut-être juste là, devant chez vous.

Atelier d’écriture: Une photo quelques mots

Principe: Une photo qui sert de base pour un texte. Ni genre, ni ton imposés. Seul le plaisir d’écrire. Encore et toujours.

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Photo:Kot

Musique: I Can’t Get Started  de Vernon Duke

fresque

J’ai raté le dernier bus et la pluie tombe doucement depuis des heures, mais ça m’importe peu, car je suis tellement heureuse en ce moment. Je me sens parfaitement comblée, un peu euphorique même. J’ai l’impression de flotter sur un nuage depuis cet instant merveilleux venu illuminer ma journée, il y a un peu moins d’une heure. Encore une vingtaine de minutes de marche tout au plus et je serai de retour à la maison, mais rien ne presse. Je savoure l’instant.

Le sol mouillé clapote sous mes pas, comme si l’univers m’applaudissait à rythme lent, satisfait de moi tout en m’enveloppant d’une brume dense, protectrice et rafraîchissante. C’est si bon. Je me sens aimée, chérie, choyée, à ma place. Je veux que chacune de ces minutes s’imprime de manière indélébile dans mes souvenirs, avec toute la richesse de détails de ce moment magique, pour y revenir à volonté, quand j’aurai envie ou besoin d’une petite lampée de bonheur. J’ai l’impression de percevoir tout ce qui m’entoure avec une acuité décuplée et, depuis près d’une heure,  j’ai ce sourire accroché aux lèvres que je n’arrive pas à réprimer, même quand je croise un passant, ce qui le rend contagieux semble-t-il. C’est amusant. C’est comme si je semais un bonheur épidémique partout sur ma route. À chaque inspiration, je sens mon cœur frémir, se gonfler de bonheur et se répandre ensuite en longs picotements jusqu’au bout de mes doigts. Ah, que je me sens bien.

Posant la main sur mon ventre, je savoure intensément chaque minute de ce prélude à l’instant mémorable où j’annoncerai à Patrick qu’il sera papa, que nous serons bientôt parents de ce petit être qui pousse là, juste ici dans mon ventre, que nos vies, nos destins, seront irrémédiablement liés, tous les trois pour toujours, qu’il y avait moi, Patrick, nous et maintenant il y aura aussi un mélange unique de nous deux qui prendra sa place dans notre monde, qui se joindra à nous. Je suis émue devant ce miracle de la vie, à la fois banal et exceptionnel.

Ah, tiens, c’est amusant. Je passe tous les jours devant cette fresque et pour la première fois,  je remarque qu’ils sont tous par paires et je me dis tout à coup que moi aussi, nous sommes deux, même si pour l’instant je suis la seule à le savoir. Je me plais à imaginer la réaction de Patrick, tout à l’heure quand je lui montrerai la petite croix bleue. Sans doute que ses yeux s’agrandiront, qu’un sourire naîtra sur ses lèvres, qu’il éclatera de rire, me prendra dans ses bras et me fera tournoyer avant de me reposer, me jetant un regard humide, serrant un peu les lèvres, à court de mots, puis, il posera la main sur mon ventre, me donnera un baiser et appuiera son front contre le mien en me disant: « Je t’aime, je vous aime ».