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Plus une société est socialiste, plus on y privilégie la richesse collective et plus une société est capitaliste, plus on privilégie la richesse individuelle.

Généralement, une société pauvre devra partager davantage, avoir des biens communs, parce que personne n’a les moyens de tout posséder. Au cours des 50 dernières années, force est de constater qu’il y a eu une individualisation croissante au sein des pays occidentaux.

Le cocooning est un  exemple de ce phénomène. Il est lié avec l’enrichissement général de la société. Posséder un téléviseur (à écran plat), un four à micro-onde, une laveuse, sécheuse, un lave-vaisselle, une automobile n’est pas réservé qu’aux plus riches. On considère ces appareils comme faisant partie des biens normaux de la classe moyenne, celle qui forme la majorité.

Ce qui est vrai pour les biens, l’est également pour les valeurs. On s’individualise. On pense davantage à soi qu’aux autres. C’est le concept du « Pas dans ma cours ». Tous sont d’accord pour qu’on coupe dans les dépenses gouvernementales, mais personne n’accepte que les services auxquels on a droit soient limités. Coupons allègrement dans les folles dépenses, réduisons le salaire des élus, des fonctionnaires, réduisons le nombre d’employés de l’état, mais ne venez surtout pas me dire qu’il me faudra attendre plusieurs heures si je me présente à l’urgence d’un hôpital, c’est inacceptable. Ce n’est pas une question d’argent, mais d’organisation se dira-t-on. C’est plus facile d’adopter cette approche. Ainsi, on peut se dire que les services pourraient être améliorés, même en coupant dans les coûts. Il y a un peu de pensée magique dans tout cela.

En s’individualisant, en se cocoonant on développe aussi une certaine nostalgie pour le collectif, pour les causes communes. On reste tiraillé entre les deux extrêmes. On souhaiterait la richesse individuelle au niveau des biens et la le partage, le collectif au niveau des valeurs, or les valeurs communes diminuent à mesure que s’accumulent les richesses individuelles. Quel dilemme.

Cette question m’amène sur le terrain de la langue. Au Québec, il a fallu lutter fort, au cours des 50 dernières années pour que le français soit reconnu pour ce qu’il est aujourd’hui, soit la langue principale du Québec. Il y a 50 ans, même si 82% de la population avait le français pour langue d’usage courant,  tout ce qui concernait le pouvoir et l’argent se passait en anglais. Le français était la langue « que l’on parle à la maison », un peu comme celle de l’immigrant qui s’installe dans un nouveau pays.

Les choses ont bien changé. Les jeunes aujourd’hui, ne perçoivent pas de menace particulière, ne sentent pas que le français est une langue qui les exclu du pouvoir et de l’argent. Par contre, être en mesure de parler l’anglais est un plus pour eux. On voyage plus aujourd’hui qu’autrefois et l’anglais est devenu une langue neutre, la principale langue seconde à travers le monde, celle qui permet à un étranger de se faire comprendre dans la plupart des pays.

L’apprentissage de l’anglais est donc une richesse individuelle.

Ce qui est vrai pour l’individuel, par ailleurs, n’a pas la même signification quand on le porte au niveau collectif. Si pour un individu, maîtriser plusieurs langues est une richesse, pour un peuple, le bilinguisme n’est que le passage d’une langue à une autre, celle qui sera la plus utile et la plus dominante.  Certains experts prévoient qu’au cours du présent siècle de 50 % à 90 % des langues parlées actuelles disparaîtront, c’est-à-dire de 3000 à 4000 langues.

 

argentIntéressant article de Jean-Marc Léger sur notre rapport à l’argent (voir références au bas de ce billet). Le rapport à l’argent varie considérablement d’une population à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre. Au Québec, l’argent a une mauvaise conotation. Alors qu’aux États-Unis, on met sur un pied d’estale les vedettes richissimes, ici, au Québec, il est de mauvais goût d’étaler sa fortune.  Ceux qui en ont, semble-t-on dire, sont ceux qui en ont pris aux autres. On mets l’accent davantage sur la répartition de la richesse que sur sa création.  Or, si se répartir le butin est en soit une forme d’équité, plus celui-ci est important et plus il y en aura pour tous.

Les entrepreneurs, ceux qui ont en eux cette ambition de fonder leur entreprise sont, toutes proportions gardées, moins nombreux au Québec qu’en Ontario et on ne leur fait pas toujours bonne réputation (« Lui, c’est un plein! »). Or les valeurs d’une société, c’est aussi sa mémoire collective, son histoire transmise de génération en génération. À une époque pas si lointaine, les riches, au Québec étaient soient l’ennemi, le conquérant, soit le collabo, celui qui collaborait avec l’ennemi pour s’enrichir. C’est ainsi que ce sont développés nos sentiments face à l’argent.  

Statistique intéressante sur notre rapport ambigu à l’argent: 84% des gens affirment que l’argent ne fait pas le bonheur et 80% affirment acheter des billets de loterie. C’est comme si on disait: « L’argent ne fait pas le bonheur des riches, mais il ferait tout à fait le mien puisque je ne le suis pas! ».

Référence: http://www.canoe.com/infos/chroniques/jeanmarcleger/archives/2009/02/20090225-095700.html

Image: http://www.ameriquebec.net/wp-content/uploads/2008/09/argent-canadien.jpg