Articles Tagués ‘Juste du bonheur’

Nous vivons dans une époque anxiogène. Climat, pandémie, économie, inflation, guerres, famine, crise migratoire, on a toujours l’impression d’être au bord d’une catastrophe et c’est quasiment anormal de ne pas ressentir de l’anxiété face à tout ce qui se passe présentement. Cependant, quand on y pense, l’anxiété est presque toujours induite par la peur de ce qui pourrait arriver. C’est de la projection. On se projette dans un avenir plus ou moins lointain et on imagine le pire.

Ici, le « plus ou moins lointain » mérite d’être mis en contexte. Il y a une différence importante dans la portée du temps entre par exemple, l’anxiété de ne pas savoir où prendre l’argent pour payer sa prochaine dose ou son prochain repas, celle de mourir quand on est en soin palliatif pour un cancer en phase terminale, celle de perdre son emploi face à une situation économique difficile ou encore la peur de voir sa maison submergée par les flots, à cause de la fonte des glaciers. Toutes ces raisons et combien d’autres génèrent leur lot d’anxiété et au quotidien, c’est la somme de toutes ces peurs qui nous créent cette boule au creux du ventre, dans la gorge ou ailleurs selon la façon dont elle nous affecte.

Pour dénouer ces nœuds et réduire son anxiété globale, il es possible de décortiquer nos peurs, une à une, et les classifier selon le temps qui nous sépare entre maintenant et le moment projeté où le pire nous frappera. Cette classification nous aide à catégoriser et prioriser nos peur, elle nous aide ainsi à déterminer si on peut agir maintenant pour améliorer la situation et mitiger l’impact du pire. L’action est un des bons moyens de réduire l’anxiété, puisque plutôt que de subir, on est en mode combat.

Si on constate, par ailleurs, que pour l’une ou l’autre de ces peurs, on ne peut personnellement rien y faire, à quoi bon s’en faire alors, je me le demande. Je pense, personnellement, que si on ne peut rien y faire, on devrait laisser cette anxiété à ceux qui peuvent agir et libérer celle-ci de notre lot quotidien, alléger nos épaules de ce poids qui nous rend inutilement plus difficile notre voyage ici-bas.

Par ailleurs, si on ne peut rien y faire, face à certaines situations, nous pouvons encore faire quelque chose pour alléger malgré tout notre quotidien et je parle ici de la gratitude.

La gratitude a sur l’anxiété, le même effet que l’hélium face à la gravité. Il nous rend plus léger.

Pratiquer la gratitude, c’est porter un regard attentif sur tout ce qui nous entoure et prendre le temps d’identifier tout ce qui nous fait du bien. Profiter d’une belle journée, du ciel bleu, du soleil qui nous réchauffe la peau, un câlin de son amoureuse, le sourire d’un passant, un mot gentil qu’on donnera ou qu’on recevra, prendre un café dans sa tasse préférée, écouter une série télé, lire un roman qui nous amuse, nous inspire ou nous diverti, s’entraîner, courir, marcher, se sentir en forme, chanter, fredonner sa chanson favorite, faire un grand ménage du printemps, laver les vitres de ses fenêtres ou sa voiture et apprécier le résultat, téléphoner à un ami, un frère, une sœur, un parent ou un enfant juste pour leur dire ou leur faire sentir qu’ils sont importants pour nous, bref, si on s’y met, je suis persuadé que chacun d’entre nous pouvons pratiquer la gratitude et se sentir bien, ne serait-ce qu’un moment.

Je vous souhaite une bonne journée.

Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra K., en s’inspirant d’une photo, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@ Alexandra K

La rivière a toujours eu pour moi cette odeur familière qui me replonge dans une foule de souvenirs. C’est ici que j’ai vécu une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence, c’est ici que j’ai vécu tous ces moments si importants dans la construction de qui on est. On peut se limiter à vivre au quotidien avec les soucis du présent et ceux à venir, sans égards au passé, mais je pense que pour être en harmonie, pour être bien ancré en soi, on doit être connecté de façon tentaculaire avec tout ce qu’on a vécu, avec le souvenir de tous ceux qu’on a connus, ceux avec qui on a rit, chanté, pleuré, ceux qu’on a aimés et ceux aussi qui nous ont blessé. On est la somme de tout cela. Qu’on le veuille ou non, ces moments et ces personnes ont contribué à façonner qui l’on est, pour le meilleur et pour le pire. Dès que je reviens ici, dès que j’approche la rivière, tous ces souvenirs me submergent à nouveau en vague, comme s’ils étaient restés là en réserve, cachés sous les flots, en attente de mon retour pour s’insinuer en moi par ces effluves humides au goût d’algues et de faune aquatique.

J’avais choisi ce petit resto, en bordure de la rivière pour lui donner rendez-vous, elle que je n’avais pas revue depuis au moins 20 ans. Elle avait été surprise de mon appel et avait mis un certain temps à me reconnaître, alors j’ai dû lui expliquer le but de ma démarche pour qu’elle accepte de me rencontrer. On ne revient pas ainsi dans la vie d’une personne, 20 ans plus tard sans que ça ne suscite certaines questions.

Elle est arrivée légèrement maquillée, portant un Jeans délavé, un pull gris moulant, pieds nus dans ses talons aiguilles blanc, un peu comme elle en avait l’habitude à l’époque, un style à la fois chic et confortable. Toujours aussi jolie, comme si elle avait été épargnée par l’érosion du temps. Pas tout à fait, en réalité. En arrivant à la table que je nous avais réservé, elle m’a sourit et j’ai discerné aux coins de ses yeux de petites rides un peu plus marquées ,celles qui se creusent quand on a beaucoup rit, pleuré et aimé. On a jasé un peu de tout et de rien, expliquant où chacun en était rendu dans sa vie et elle me parue flattée, avec un petit rire, quand je lui ai dévoilé qu’elle avait été mon premier amour. Un amour impossible, je le savais bien, mais c’est ce qui m’avait permis de mieux me concentrer en classe et fournir un effort supplémentaire pour avoir de sa part, ce retour positif que j’appréciais tant.

À l’époque, on ne diagnostiquait pas les problèmes comme les miens, on était alors généralement juste pas bon, faiseur de trouble, dissipé, indiscipliné, dans la lune, bref tous ces qualificatifs que j’entendais trop souvent dans la bouche des profs, mais jamais de sa part à elle. C’est essentiellement grâce à elle, j’en suis persuadé, que je ne suis pas devenu délinquant comme plusieurs des copains que je fréquentais à l’époque. C’est à cause d’elle que j’ai aimé les mathématiques et qu’à force d’efforts je suis devenu bon pour la première fois dans une matière. Avec l’estime de soi retrouvée, la confiance qu’on peut y arriver, tout devient possible et pour moi tout s’est ensuite enchaîné naturellement, mes études, puis ma carrière et plusieurs de mes choix de vie.

Ici, près de la rivière, bien connecté à mes émotions, à mes souvenirs et tout ce que je suis devenu, j’ai eu envie de lui dire toute l’importance qu’elle avait eu dans ma vie, par sa gentillesse et sa bienveillance à mon égard. Elle m’a sourit et ses yeux sont devenus légèrement humides. Un juste retour des choses, ai-je pensé.

Tant que tu gardes espoir
De naître encore à la lumière
Tant que le vent ne souffle pas
Cette petite flamme
Qui brille toujours en toi

Déverrouille ton âme
Efface ces idées noires
Oublie ces soucis d’hier
Extirpe toi des brumes collantes
Qui te retiennent au passé

Regarde
Le jour se lève
Regarde
L’année s’éveille
Tous les futurs sont encore là
Pour toi.

Pour cet atelier, écrire une histoire intégrant les dix mots suivants dans l’ordre:

tordu, coercition, ornement, pilote automatique, paralysie, raton laveur, dispositifs, bataillon, fait maison, batterie

La neige tombait sans faiblir depuis le milieu de la nuit, s’amoncelant sur les trottoirs mal déneigés de Montréal. Vraiment pas un temps pour sortir et pourtant, mon patron était assez tordu pour exiger que l’on se rende tous au bureau pour la présentation des états financiers. Ce genre de coercition me paraissait ridicule, puisque la plupart d’entre nous aurions pu bosser chacun chez soi en vidéoconférence, tout comme lui qui, ironiquement, présentait les résultats de fin d’année depuis la Chine orientale. La logique absurde de ces multinationales dont les décisions sont trop souvent délocalisées sans tenir compte de la réalité locale. J’ai donc enfilé mon parka, ma tuque, mes bottes de Ski-Doo et mes mitaines, fourré mon laptop dans mon sac à dos et je suis sorti dans la tempête.

J’habitais heureusement à seulement quelques coins de rue du bureau. Le froid était mordant, le vent soufflait fort et j’y voyais à peine, marchant tête baissée pour ne pas recevoir la neige en pleine gueule. Je sus rapidement que mon pantalon serait trempé à l’arrivée, puisque la neige dépassait mes bottes et me montait presqu’au genou. Ici et là, les ornements de Noel des commerces virevoltaient en tous sens, balayés par les vents violents. Je continuai mon chemin, sans lever la tête, un peu sur le pilote automatique, serrant les dents et me contentant de mettre un pas devant l’autre. On sentait bien que les activités de la ville étaient au ralenti. Ces tempêtes hivernales provoquent presque toujours une paralysie économique de la ville, puisque chacun, s’il le peut, préfère se terrer chez lui en attendant que ça passe. Ce n’était malheureusement pas mon cas. Encore deux coins de rue et je serai au bureau. Je croisai un gros monsieur, portant un long manteau de fourrure et un chapeau de trappeur, vous savez, ces chapeaux d’un autre temps qui donnent l’impression d’avoir un raton laveur assis sur sa tête. On voit de moins en moins ce genre d’accoutrement de nos jours, mais ça tient tout de même au chaud, nos ancêtres l’avaient bien compris.

Quand on vit dans un endroit où on doit affronter le froid et à la neige plusieurs mois par année, on finit par mettre en place toutes sortes de dispositifs, c’est une question d’adaptation à son environnement. Dans une ville comme Montréal, par exemple, quand on fait face à une tempête majeure, comme aujourd’hui, la priorité consiste à déblayer rapidement les artères principales, puis les rues secondaires en poussant la neige sur les côtés. Ensuite, dès le lendemain, les souffleuses sont mises à contribution et avancent en bataillon avec leurs camions de charge, dévorant les bancs de neige et soufflant celle-ci dans les camions au ventre vide qui se suivent à la queue leu leu et font place au suivant dès qu’ils ont l’estomac plein. Ils vont ensuite aller se vider dans les sites de dépôt et revenir faire la file derrière la souffleuse. Une sorte d’orgie romaine nordique qui peut durer plusieurs jours sans discontinuer. Cette stratégie fait maison d’évacuation de la neige est à mon avis un bel exemple d’adaptation réussie à notre climat nordique. Les villes situées plus au sud qui ne connaissent pas ces tempêtes hivernales n’ont ni les équipements, ni les stratégies pour y faire face. Nous avons ainsi développé à travers les années, une batterie de mesures qui nous permettent de vivre ici et profiter de chacune des saisons en accueillant la nouvelle avec joie et en quittant la dernière avec soulagement. C’est ça le Québec.

D’abord un grand merci à Pascal qui a la grande gentillesse d’ouvrir et entretenir cet espace qui donne libre cours à l’imagination anonyme d’une foule de participant à ses ateliers. Je ne connais pas ses motivations profondes, mais ce travail lui demande sûrement beaucoup de temps et d’énergie et ce sont ces gestes altruistes qui me réconfortent avec l’humanité, surtout en ces temps incertains.

Donc, en s’inspirant d’une courte phrase de l’atelier d’écriture d’Entre2Lettres, laisser libre court à son imagination. La phrase de départ est la suivante:

Boxeur retraité il collectionnait les coups en souvenir du temps où il en prenait : de chaud, de froid, de soleil, de pied au cul, etc. C’est après avoir trouvé un coup de… que…

On dit parfois qu’avec les épreuves vient la force pour les surmonter. Du moins, c’est ce que disent les optimistes et/ou les croyants. C’est une pensée qui permet de garder espoir pendant la tempête et c’est ce qui insuffle le courage de continuer même dans les pires situations. Au cour de sa vie professionnelle, Jean-Claude avait reçu plus que sa part de coups sur la gueule et si on omet les trois K.O. qu’il avait subit en début de carrière, il avait su maintenir un excellent bilan de trente-deux victoires, quatre défaites par décisions des juges et trois K.O. De quoi être fier. Ces combats et surtout ses victoires l’avaient convaincu de sa capacité à sortir victorieux de toutes les épreuves et en fait, il y avait pris goût de sorte qu’au cours de sa vie, il s’était constamment mis en danger et de toutes les façons possibles, peut-être pour tester le destin ou alors pour tester ses propres limites. Il se sentait invincible, doté d’une carapace capable de le protéger de tous les coups imaginables. L’ennui avec les armures, c’est qu’on ne sent plus ni les coups, ni les caresses. C’est après un coup de foudre qu’il avait compris cela. Jeanne, la belle Jeanne avait ouvert une brèche dans son armure pour se rendre jusqu’à son cœur et de fil en aiguille, il avait peu à peu laissé tomber ces protections de surface, comprenant qu’on n’est jamais aussi fort que lorsqu’on se permet d’exposer ses fragilités. La véritable force réside dans notre capacité à être si vrai, qu’on n’a plus à se protéger de quoi que ce soit.

Souvenirs en chantier

Publié: 17 septembre, 2023 dans Écriture, Bonheur, famille
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En s’inspirant d’une photo tirée du compte Pinterest de Gharib Makld, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

Je tenais fermement le petit doigt de la main rugueuse de Grand-Papa, tandis que nous marchions tous les deux lentement sur le trottoir bordant d’immenses édifices qui nous bloquaient les rayons du soleil. En levant la tête pour observer le sommet des gratte-ciels, je fut pris de vertige. C’était tellement haut, si impressionnant. Mes jambes auraient voulues aller plus vite, mais je me retenais, parce que Grand-Papa aime toujours prendre son temps. C’est le secret pour vivre longtemps, me répétait-il souvent. « En prenant son temps, on apprécie davantage chaque moment vécu et du même coup on évite ces gestes empressés et maladroits qui provoquent trop souvent les accidents ». Moi, j’étais juste trop impatient de voir cette gigantesque machine qui ressemblait, selon Grand-Papa, à un énorme bête de somme métallique bien dressée et déplaçant ici et là de lourdes charges pour construire toujours plus haut les tours d’habitation.

Grutier toute sa vie, Grand-Papa adorait me parler de son travail et me raconter ces moments de plaisir intense qu’il ressentait à voir le monde de là-haut. On se sent comme un Dieu, me disait-il, devant ces minuscules créatures qui s’agitent tout en bas, dans un silence assourdi et à peine troublé par le sifflement du vent contre la cabine. En prenant de la hauteur, on s’éloigne aussi des tracas quotidiens, on retrouve plus facilement sa sérénité, sa capacité à voir plus loin que le bout de son nez et à prendre les bonnes décisions.

– Tu verras, m’avait-il dit, d’en bas, on distingue à peine l’opérateur et pourtant lui, voit tout. Il peut agir avec une précision impressionnante, parce qu’avec le temps et l’expérience, les différentes parties de sa grue deviennent une extension de son propre corps, comme tes jambes à toi lorsque tu marches. Tu ne dis pas à ta jambe, lève-toi et marche, tu te contentes de décider où tu veux aller et tes jambes exécutent les ordres. C’est la même chose pour un grutier.

En approchant, on vit au loin, la gigantesque grue qui bougeait lentement dans le ciel. « Regarde, la cabine Simon, on voit le grutier avec son casque jaune ». Grand-Papa lui envoya la main, comme on salue un collègue, mais on ne vit pas l’opérateur lui répondre en retour. « Il est sans doute trop concentré sur sa tâche », me dit Grand-Papa.

Le site était protégé par une haute clôture tout autour du périmètre. Il y avait ici et là, des fissures percées dans la paroi par des curieux. « Regarde par celle-ci », me dit Grand-Papa en désignant une ouverture à ma hauteur. En m’approchant, je vit le chantier. Il y avait un immense trou, comme un cratère de volcan au fond duquel il y avait des tonnes de poutres d’acier entrecroisées. Plusieurs travailleurs portant des casques jaune ou blanc s’agitaient. Une poutre d’acier était en mouvement au bout de la grue, retenue en son milieu par un gros crochet à l’extrémité d’un long câble d’acier.

– Tu vois Simon, Ils ont débuté la structure des premiers étages. Ces immenses poutres et colonnes d’aciers servent de colonne vertébrale pour tenir solidement l’édifice en place. C’est important qu’elles soient installées à des endroits précis, puis assemblées et solidement fixées par l’équipe de construction. Chacun a son rôle à jouer. Regarde celui-là, avec un casque blanc et un walkie-talkie à son oreille. Il est en contact radio avec le grutier pour le diriger et lui indiquer où poser la poutre.

En effet, lentement, la poutre fut amenée et posée délicatement à l’extrémité de deux colonnes verticales, où des travailleurs, tout près se mirent aussitôt à l’œuvre pour la fixer. Puis, après un certain temps, les travailleurs donnèrent un OK pour libérer la poutre toujours retenue par la grue (pour des raisons de sécurité me dit Grand-Papa) et comme un pêcheur, le grutier remonta légèrement le fil d’acier et l’éloigna des travailleurs. Nous sommes resté là de longues minutes à observer les activités du chantier. Grand-Papa était fasciné et semblait nostalgique. Quand il ne dit rien et ne m’explique plus les choses, je sais qu’il a la cœur gros. Parfois, je sais qu’il pense à Grand-Maman, mais là, je me doutais qu’il pensait à son ancien travail.

C’était la première fois qu’il m’amenait voir un chantier. J’aime bien quand Grand-Papa me fait visiter toutes sortes de lieux, m’expliquant des choses. Parfois, on va juste aller chez lui, tous les deux pour passer du temps ensemble. Je lui raconte comment ça se passe à la maison, à l’école, qui sont mes amis, les jeux que j’aime le plus. Il m’écoute, me questionne et je me sens important. Aussi, il nous prépare souvent du chocolat chaud, dans une petite casserole sur la cuisinière. Il laisse le lait chauffer, mais jamais bouillir. Puis, quand c’est bien chaud, il verse du cacao et brasse le tout jusqu’à ce que ça soit bien mélangé. Ensuite, il le verse dans deux tasses, toujours les mêmes. Lui, sa tasse avec la photo de Grand-Maman et moi, celle qui a un petit chien. Parfois aussi, je reste pour la nuit. Il y a un petit lit, en haut, dans la chambre grise et c’est toujours là que je dors. Grand-Papa me laisse une veilleuse pour que je n’ai pas peur et je m’endors facilement, même si je ne suis pas chez moi. Le lendemain matin, il me prépare un déjeuner, avec des œufs, du bacon, des toasts au beurre de pinotte. Ensuite, il me ramène à la maison. J’aime beaucoup Grand-Papa. C’est un peu comme un ami, mais en plus vieux. Les grandes personnes me grondent quand je ne fais pas bien les choses, jamais Grand-Papa. Lui, se contente de m’expliquer.

En rentrant de l’école, le vendredi suivant, Maman pleurait. Je ne comprenais pas pourquoi.

– Qu’est-ce qu’il y a Maman, pourquoi tu pleures?

Elle s’approcha de moi, se mit à la hauteur et me pris dans ses bras.

– C’est Grand-Papa, Simon, il a eu une crise cardiaque tout à l’heure et quand l’ambulance est arrivée, il était trop tard.

– Quoi? Grand-Papa est mort?

– Oui, Simon, je suis désolée.

Sur le coup, Je ne ressenti rien de particulier, j’étais juste surtout troublé de voir Maman pleurer. Je montai à ma chambre pour déposer mon sac d’école et m’installai sur mon lit pour réfléchir. Grand-Papa était mort. ça voulait dire que c’était fini les sorties avec lui, les soirées juste nous deux. Je ne le reverrai plus. Plus jamais. Jamais! Toutes sortes d’images se mirent à déferler dans ma tête, la dernière fois où je l’avais vu, nos parties de cartes, de Yum, nos rires synchronisés quand il me racontait une blague et éclatait de son rire communicatif, m’entraînement dans un cascade de rigolade à en oublier pourquoi on riait. Tout à coup, les larmes me vinrent aux yeux et je senti une boule se former au fond de ma gorge. M’assoyant sur le bord de mon lit, je m’essuyai les yeux et me pris la tête entre les mains. Je pensai à notre sortie, la semaine dernière. Lorsqu’il m’avait ramené à la maison, nous nous étions assis ensemble derrière la maison, près de la piscine et il m’avait demandé comment j’avais apprécié ma journée au chantier, comment ça lui avait rappelé son travail qu’il aimait tant.

J’eus alors envie de retourner sur cette chaise près de la piscine où nous étions tous les deux la semaine dernière. Je sorti et m’installai en regardant les reflets de l’eau, perdu dans mes pensées. Une feuille portée par le vent me tomba dessus. Je regardai le ciel et fit un signe de la main. Il ne me répondit pas, mais j’étais persuadé que de là-haut, il voyait tout maintenant.

– Merci Grand-Papa, je t’aime.

Sous l’épiderme

Publié: 22 janvier, 2023 dans amour, Écriture
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Pour l’atelier d’écriture de Leiloona. En s’inspirant d’une photo de Fred Hedin, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

© Fred Hedin

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– C’est joli, tu trouves pas?

– Heu, je dirais pas ça. Regarde les murs, le plafond.

– Tu te souviens quand on s’est rencontré?

– Oui, haha, tu étais dans un sale état, après avoir passé la journée aux champs…

– En effet, hihi et je ne devais pas sentir la rose.

– Tout à fait vrai. Pourtant ton sourire et tes yeux pétillants m’avaient immédiatement conquis. C’est peut-être ça, le coup de foudre. Quand on tombe instantanément en amour.

– Oui, je le pense aussi. C’est ce que je ressens ici, malgré l’état du logement. Il y a eu beaucoup d’amour ici, des rires, des câlins, de la musique des chants. Ça transpire à travers les murs défraichis. On va lui refaire une beauté à ce logement, tu verras.

– Tu as bien raison ma chérie. Ne nous laissons pas tromper par les apparences.

Pensée du 4 janvier

Publié: 4 janvier, 2023 dans Bonheur, Pensée du jour
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