Depuis quelques semaines, je me suis mis au jogging, soit le soir en revenant du travail, soit très tôt le matin. Ce matin, le thermomètre indiquait -11.
Je me demandais comment me vêtir, pour n’avoir ni froid, ni trop chaud. J’ai une mémoire de cette température, parce que je l’ai souvent vécu. Je peux donc imaginer à peu près l’impact sur le corps, le visage, les mains. J’ai une expérience corporelle de ces températures.
Ma fille partira pour un projet Katimavik, le 4 janvier prochain. Durant 6 mois, elle vivra avec un petit groupe, formé de jeunes des deux sexes, de francophones et d’anglophones. Ils participeront à diverses activités bénévoles au sein des communautés où ils résideront durant cette période. Ma fille avait choisi le thème « peuples autochtones », alors, pour les 3 prochains mois, elle se retrouvera à Sioux Lookout situé dans le nord-ouest de l’Ontario.
Il y a 2 semaines, elle parlait avec sa responsable de groupe et cette dernière lui mentionnait que la température actuelle était de -28, mais qu’à compter de janvier ça descendrait autour de -40. Elle lui recommandait d’apporter des vêtements chauds.
J’arrive assez bien à imaginer ce que peut représenter -20, -25, parce qu’on vit ces températures à quelques reprises, chaque années, mais je n’ai pas de mémoire corporelle de températures à -40. C’est froid comment? Je sais que la différence entre -10 et -20 est assez intense et qu’à -30, il faut être habillé chaudement et éviter d’avoir la peau à découvert, mais -40?
Cela m’amène à penser à l’expérience corporelle en général.
Quand j’étais enfant, pour avoir une idée des paysages, de comment est la vie ailleurs sur la planète, on ouvrait une encyclopédie ou on écoutait le récit des voyageurs qui l’avaient vécu. C’était un moyen d’avoir une expérience intellectuelle de ces endroits. Aujourd’hui, avec internet, c’est devenu incroyablement facile de développer cette expérience intellectuelle. On peut même visiter les rues, une à une grâce à Streetview de Google et toutes les informations possibles et imaginables sont à la portée d’un clic.
Mais savoir une chose et l’avoir vécue sont deux situations bien différentes, parce qu’il est plus facile de construire sur la seconde que sur la première. Je suis persuadé qu’à son retour, ma fille saura mieux que je ne pourrais l’imaginer, ce que représente vraiment une température de -40.