Archives de mars, 2013

hockey-bottineLa neige a fondu dans les rues et le soleil joue à cache-cache derrière les nuages poussés par le vent. La rue est quasiment déserte, dans ce quartier résidentiel, à deux pas du parc où les jeux d’enfants sont encore couverts de neige. Je suis à quelques rues de chez moi, de retour d’une belle et longue marche printanière.

Le but de hockey a été installé dans la rue, en bordure du trottoir et un père, début trentaine, joue au hockey-bottine avec ses deux fils chaudement vêtus de leur habit de neige; L’un en rouge, l’autre en bleu. Le plus jeune n’a pas 5 ans. Il garde les buts, tandis que son frère un peu plus âgé, en milieu de rue, se dirige en zigzaguant vers lui, l’air concentré en maniant la balle orange avec un bâton beaucoup trop grand pour lui. Il s’approche, feinte à gauche, lance…ET COMMMMMPTE!. Soulevant son bâton dans les airs, il crie sa joie sous les yeux de son père souriant et sous les applaudissements des milliers de spectateurs qui peuplent son imaginaire. Son jeune frère, déçu, frappe le sol avec son grand bâton et laisse échapper un « argggh ».

Le père se mêle au jeu, prend possession de la balle, déjoue aisément ses deux fils, qui sont maintenant à la défense et d’un lancer du poignet, enfile facilement la balle dans le filet désert, levant lui aussi son bâton et laissant échapper un cri de victoire. Le plus jeune dit alors « Mon nez coule, on arrête de jouer! ». « Tu veux arrêter, parce que ton nez coule… » lui répond le père d’un ton sarcastique. Silence. L’enfant essuie son nez avec la manche de son habit de neige et le jeu reprend.

Je continue mon chemin, me disant que si la mère avait été là, elle serait allé essuyer le nez de son fils. Peut-être aurait-elle également voulu égaler les chances et permettre aussi au plus jeune de compter un but. Souvent, les rôles des parents sont ainsi fait que l’un écoute et console alors que l’autre le pousse à dépasser ses limites.

lascauxTout doucement, je reviens à moi, prenant progressivement conscience d’habiter mon corps à nouveau. Mon esprit s’éveille, je suis de retour.

Les images résiduelles des derniers rêves flottent encore autour de moi et m’enveloppent des émotions vécues durant cette escapade. Peu à peu, elles sont aspirées dans l’oubli au fur et à mesure que je regagne ce monde. J’entends les bruits familiers de loin en loin et mentalement, je parcours mon environnement. Je sais où je suis.

À mi-chemin entre rêve et réalité, j’ouvre doucement les yeux et mon regard est attiré par ces visages, ces formes que la lumière dessine dans les replis en filtrant au travers des rideaux. Je vois des images, des visages, des animaux d’une netteté étonnante, beaucoup plus détaillés que ce que je pourrais dessiner sans référence. J’ai envie d’un papier, d’un crayon pour immortaliser ces formes uniques et magnifiques projetées du fond de ma conscience.

En visitant virtuellement la caverne de Lascaux, je m’imagine dans l’esprit de cet homme qui découvre des formes, des images dans les arêtes, les recoins, les fissures, dans les ombres projetées au mur par les braises rougeâtres du feu qui crépite encore. Est-ce que tout ces dessins sont issus d’un seul et même artiste, est-ce que le premier a inspiré les autres à faire de même? L’avantage de dessiner sur la pierre, là où les formes ont surgi de son esprit, c’est qu’on a peu à mémoriser, on dessine simplement par-dessus ce que l’on voit.

Visite virtuelle de la caverne de Lascaux: http://www.lascaux.culture.fr/#/fr/02_00.xml

Allo, c’est moi!

Publié: 14 mars, 2013 dans Réflexions

allocestmoiAu travail, il y a des gens qui omettent de se nommer, lorsqu’ils téléphonent, s’imaginant que je les reconnaîtrai. C’est parfois le cas, mais pas toujours. Je me souviens même d’une personne ayant laissé un message sur ma boite vocale sans se nommer. J’ai dû y aller par déduction, avec la nature du message pour le retracer.

Pour ma part, j’ai généralement l’approche inverse. J’ai souvent l’impression qu’on ne me reconnaîtra pas. À 3 exceptions près: ma blonde, ma mère et mon père. Même quand j’appelle les enfants, je sens le besoin de m’introduire du genre: « Allo, c’est Papa… ». Ça me fait penser, que depuis 37 ans, c’est le même coiffeur qui me coupe les cheveux aux 5 semaines. Je suis probablement son plus ancien client. Pourtant, lorsque j’appelle pour prendre rendez-vous, je sens le besoin de me nommer, avec nom et prénom, me disant, qu’autrement, il ne me reconnaîtra pas.

Source de l’image: Source

sleeping_shepherdToute la nuit durant, il a veillé son troupeau, tendant l’oreille aux moindres bruits suspects, jusqu’à ce que le jour vienne soulager sa tension. Le soleil brille maintenant intensément et ses bêtes broutent paisiblement sur le versant sud. Il a mangé avec appétit, le dernier bout de pain tiré de sa besace et bu un peu de vin. S’il ferme les yeux, un instant, il se sent tomber, tomber de sommeil. Il a la tête lourde, lourde. Son fidèle ami s’est assoupi à l’ombre de cet arbre, signe que tout danger est écarté. La lumière est vive et lui brûle les yeux. Il s’assoit lourdement sur l’herbe fraîche et retire son vieux chapeau brun. Il lève la tête, étire le coup et d’un regard sérieux, observe ses bêtes là-bas, au loin. Il pose la tête, tout contre le tronc et distraitement, il compte ses moutons. À 37 à peine, son esprit fait une pause, il ferme les yeux et s’endort, profondément.

Les mots qui font peur

Publié: 1 mars, 2013 dans motivation, Réflexions, voyages

LeCheminIl y a des mots qui font peur, des mots chargés d’émotions, de douleur, des mots qui nous rappellent ceux qui ne sont plus. Ces mots font parfois plus mal, que ce qu’ils désignent, parce qu’ils portent en eux des souvenirs douloureux, des parcours difficiles et des larmes aux yeux.

Ces mots, trop gros, ne peuvent être avalés d’une seule bouchée, alors on les décortique, on les analyse, on en fait d’autres mots, plus petits, plus fragiles, des mots que l’on regarde droit dans les yeux sans broncher, avec courage et détermination.

Et ces mots, un à un, on les écrase du pied pour en faire une bouillie de lettres inoffensives, qu’on laisse derrière soi, comme des petites pierres blanches qui témoignent du chemin suivi et qui tracent la route pour ceux qui se sentiront perdus.