Archives de juillet, 2023

L’amour au temps de la fin

Publié: 26 juillet, 2023 dans amour, Écriture
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En s’inspirant d’une photo qui me touche, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@TNC

Et si tout à coup, j’oubliais tout
Si je n’étais plus que là, dans l’instant,
Ne vivant plus qu’au temps présent
Comme une page blanche sans passé
Dérivant sans voile au gré des vagues
Dans l’horizon sans terre, fragile et chancelant
Si je rencontrai pour la première fois
Tout ceux que j’ai connu autrefois
Me reconnaitras-tu, toi
Si je ne suis plus moi
M’aimeras-tu encore
Si peu à peu je m’évaporent
en une brume incolore.

Tempête de mots

Publié: 20 juillet, 2023 dans poésie, Sagesse
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En s’inspirant d’une peinture de Vanessa Renoux, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@Vanessa Renoux

Suite à une tempête de mots, une longue fissure s’était crée entre eux. Une fissure qui, faute d’avoir été réparée rapidement, s’était peu à peu étendue pour devenir un large et profond fossé qu’on ne puisse traverser sans construire un pont. Ne sachant trop comment s’y prendre, ils firent appel à un professionnel des ponts qui leur donna les outils pour reconstruire ce qui avait été détruit. Il leur recommanda également d’être prudent à l’avenir et de soigner leurs mots pour éviter qu’ils ne se transforment en tempête. On peut, bien sûr, se prémunir d’un parapluie pour que les mots ne nous atteignent pas, mais les jolis mots rebondiront également à sa surface sans nous toucher, ce qui serait vraiment dommage, parce que ce sont ceux qui renforcissent le plus la structure d’une relation.

Pensée du 17 juillet

Publié: 17 juillet, 2023 dans Pensée du jour, philosophie
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Châtiment céleste

Publié: 16 juillet, 2023 dans Écriture, climat
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S’inspirant d’une photo de Nikolas Noonan, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@Nikolas Noonan

La girouette en forme de coq tournait de façon incertaine au sommet du cabanon de mon voisin, agitée par des vents contraires. La chaleur extrême des derniers jours était peu à peu balayée par ce courant d’air frais venu par secousse, comme une poussée dans le dos. Le ciel, de plus en plus noir s’illuminait de l’intérieur en cycle anarchique au rythme des éclairs de chaleur et du grondement de tonnerre qui résonnait en moi. La tempête serait terrible, je le sentais. Une centaine d’oiseaux s’étaient envolés en direction sud, là-bas, plus loin, tandis que les autres s’étaient tus et sans doute cachés dans les arbres. J’ai toujours été à la fois effrayé et fasciné par cet étalement de puissance qui rappelle le châtiment d’un dieu vengeur qui veut nous punir de notre arrogance. Soudain, le vent tomba et le temps s’arrêta. Je retint mon souffle, comme au lever du rideau, dans l’expectative du spectacle qui allait débuter. De grosses gouttes vinrent ensuite frapper le sol au rythme du tambour, puis de plus en plus vite, de plus en plus fort, jusqu’au déluge de vent et d’eau qui s’abattit sur moi, le temps que je me mette à l’abri sous mon gros tilleul. Un gigantesque éclair déchira le ciel et le tonnerre suivi dans la seconde, indiquant la proximité de la cible touchée. Je ne devrais pas rester sous un arbre, par une telle tempête. Je couru jusqu’à l’abri d’auto et y arrivai complètement trempé. Levant les yeux, je vit alors se former, là-haut, en surimpression du ciel noir, une sorte d’entonnoir plus clair qui descendait rapidement. Une tornade, ma première tornade! D’où j’étais, j’avais la vue partiellement obstruée par ma haie de cèdres, de sorte que je ne voyais pas si la bête avait touché terre, mais à l’œil, j’estimai qu’elle était située à environ deux ou trois kilomètres et semblait suivre la rivière vers le nord. Le vent soufflait fort et devenait assourdissant. Des objets que je distinguais mal s’envolaient autour de la colonne de vent, attirés vers le haut en tourbillonnant. Puis, tout aussi soudainement qu’elle était venue, l’entonnoir fut ravalée par le ciel, la pluie cessa, ne laissant qu’un ciel noir filant vers le nord et un vent frais sur ma peau mouillée.

Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra. En s’inspirant d’une photo de Danist Soh, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@ Danist soh

Marie-France posa la main sur le lecteur biométrique et pris place dans son siège privé alors que l’ascenseur démarrait, d’abord lentement, puis de plus en plus vite pour rejoindre leur appartement de la Stratos Tower, la plus haute tour au monde. Avec Paul, son conjoint des huit dernières années, elle habitait depuis trois mois le Penthouse, tout en haut au 5000ième étage. L’ascension prenait environ dix minutes et durant la montée, au travers de la paroi vitrée, Marie-France pu observer le sol s’éloigner à vitesse vertigineuse jusqu’à ne plus distinguer la moindre habitation, laissant l’humanité tout en bas, comme une âme libérée du fil d’argent. Elle se sentait déjà plus légère. Elle traversa les nuages en quelques secondes pour voir apparaître à perte de vue un gigantesque champ de boules de coton. Elle monta toujours plus haut, au-dessus des vents, des pluies et des turbulences, au dessus des oiseaux ailés et des vols commerciaux, au-dessus des problèmes et soucis terrestres.

Après quelques minutes d’ascension, Marie-France porta l’envers de sa main à sa bouche et bailla longuement. La journée au bureau avait été longue, pleine d’émotions et de décisions difficiles qu’elle laissait maintenant loin derrière, là-bas, tout en bas. Progressivement la vitesse diminua, annonçant l’arrivée imminente à 16000 mètres du sol, dans les couches basses de la stratosphère. L’ascenseur s’immobilisa tout doucement et les portes s’ouvrirent sur leur magnifique appartement entièrement vitré de 300 mètres carré. De là-haut, la vue était tout simplement époustouflante. Le ciel où s’entremêlaient des couleurs pastel de violet, bleu, orange et jaune lui rappelait toujours « Saint-Georges-Majeur au crépuscule » cette toile de Monet, peinte à l’automne 1908 à Venise. La voûte éclairée en permanence de milliards d’étoiles, tout en haut s’étendait à l’infini à travers le dôme vitré, nous rappelant combien nous sommes petits dans l’univers. À cette heure tardive, on voyait maintenant le soleil descendre à l’horizon et se cacher derrière la courbure de la terre en étalant sa lumière de part et d’autre du globe comme une explosion nucléaire au ralenti.

— Bonsoir Chérie, tu as passé une belle journée? demanda Paul qui s’approchait lentement, tenant deux coupes de vin blanc.

— Je suis contente d’être ici, loin de tout et près de toi mon amour.

— Oublie tes soucis ma Chérie et bienvenue chez nous au septième ciel.

Un signe d’amour

Publié: 1 juillet, 2023 dans amour, Écriture
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Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra. En s’inspirant d’une photo de Fred Hedin, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@ Fred Hedin

Julien était devenu mime un peu par la force des choses. Muet depuis sa naissance, ses parents lui avaient appris le langage des signes, mais ce mode de communication a ses limites parce que c’est une langue peu parlée, enfin…vous comprenez ce que je veux dire.

Julien était secrètement tombé amoureux d’une jeune femme qu’il voyait presque tous les matins Chez Marcel, installée à la même petite table ronde à la porte du bistro et buvant lentement son café, perdue dans ses pensées. Il ne savait trop comment l’aborder et surtout comment lui exprimer ce débordement d’émotions qui gonflait son cœur dès qu’il la voyait. Dans le langage des signes on peut exprimer la joie, la peur, la colère, le chagrin, se dire soucieux, ému, dire « je t’aime », mais comment dire à cette femme que son sourire est aussi doux qu’un lever de soleil rougeâtre par une journée de canicule, que son parfum enveloppant nous transporte dès qu’on l’approche et qu’il s’attache ensuite à notre âme comme une trace d’éternité gravée sur nos cœurs. Comment lui dire que ses pieds délicats chaussés d’escarpins noirs sont une affriolante continuité de ses jambes au galbe parfait, que cette jolie couette de cheveux rebelle lui retombant systématiquement sur le front à la moindre brise lui donne cet air coquin et frondeur si charmant. Comment lui dire que son cou mince et élancé lui confère l’élégance d’une princesse des mille et une nuits, que ses lèvres faisant une petite moue quand elle porte la tasse à sa bouche ressemblent à un doux baiser donné à l’élu de son cœur. Comment lui dire que ses yeux verts ouvrent la porte de son âme et donnent envie de s’y engouffrer. Julien ne savait pas mettre en signe, tous ces mots qui virevoltaient dans sa tête.

Vêtu de son chandail rayé, son visage peint de blanc et ses yeux maquillés noir, Julien s’était installé au coin de la rue, comme à son habitude. Après avoir déposé par terre un chapeau noir renversé, destiné à recueillir les dons d’appréciation des passants, il grimpa sur sa caisse de bois et débuta son spectacle. De ses mains gantées de blanc, il traça dans le vide un énorme cœur de hauteur d’homme. Il abaissa ensuite lentement en son milieu une longue fermeture éclair invisible avant de s’y immiscer en un mouvement fluide, tel un danseur émérite. Ses deux mains sur la poitrine et les yeux tournés vers le ciel, il exagéra une immense respiration de bonheur. Pointant ses yeux de deux doigts en victoire, il les redirigea ensuite vers la jeune femme assise à la table du bistro. Puis, il se pencha pour cueillir une fleur imaginaire qu’il observa avec attention et porta délicatement à son nez pour en apprécier le parfum sublime en exprimant un large sourire de satisfaction. Penchant son corps bien bas, la main tendue devant lui, il présenta de loin sa fleur à celle qui faisait battre son cœur.

Elle éclata de rire, tandis que quelques passants l’applaudirent, amusés.