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Nous vivons dans une époque anxiogène. Climat, pandémie, économie, inflation, guerres, famine, crise migratoire, on a toujours l’impression d’être au bord d’une catastrophe et c’est quasiment anormal de ne pas ressentir de l’anxiété face à tout ce qui se passe présentement. Cependant, quand on y pense, l’anxiété est presque toujours induite par la peur de ce qui pourrait arriver. C’est de la projection. On se projette dans un avenir plus ou moins lointain et on imagine le pire.

Ici, le « plus ou moins lointain » mérite d’être mis en contexte. Il y a une différence importante dans la portée du temps entre par exemple, l’anxiété de ne pas savoir où prendre l’argent pour payer sa prochaine dose ou son prochain repas, celle de mourir quand on est en soin palliatif pour un cancer en phase terminale, celle de perdre son emploi face à une situation économique difficile ou encore la peur de voir sa maison submergée par les flots, à cause de la fonte des glaciers. Toutes ces raisons et combien d’autres génèrent leur lot d’anxiété et au quotidien, c’est la somme de toutes ces peurs qui nous créent cette boule au creux du ventre, dans la gorge ou ailleurs selon la façon dont elle nous affecte.

Pour dénouer ces nœuds et réduire son anxiété globale, il es possible de décortiquer nos peurs, une à une, et les classifier selon le temps qui nous sépare entre maintenant et le moment projeté où le pire nous frappera. Cette classification nous aide à catégoriser et prioriser nos peur, elle nous aide ainsi à déterminer si on peut agir maintenant pour améliorer la situation et mitiger l’impact du pire. L’action est un des bons moyens de réduire l’anxiété, puisque plutôt que de subir, on est en mode combat.

Si on constate, par ailleurs, que pour l’une ou l’autre de ces peurs, on ne peut personnellement rien y faire, à quoi bon s’en faire alors, je me le demande. Je pense, personnellement, que si on ne peut rien y faire, on devrait laisser cette anxiété à ceux qui peuvent agir et libérer celle-ci de notre lot quotidien, alléger nos épaules de ce poids qui nous rend inutilement plus difficile notre voyage ici-bas.

Par ailleurs, si on ne peut rien y faire, face à certaines situations, nous pouvons encore faire quelque chose pour alléger malgré tout notre quotidien et je parle ici de la gratitude.

La gratitude a sur l’anxiété, le même effet que l’hélium face à la gravité. Il nous rend plus léger.

Pratiquer la gratitude, c’est porter un regard attentif sur tout ce qui nous entoure et prendre le temps d’identifier tout ce qui nous fait du bien. Profiter d’une belle journée, du ciel bleu, du soleil qui nous réchauffe la peau, un câlin de son amoureuse, le sourire d’un passant, un mot gentil qu’on donnera ou qu’on recevra, prendre un café dans sa tasse préférée, écouter une série télé, lire un roman qui nous amuse, nous inspire ou nous diverti, s’entraîner, courir, marcher, se sentir en forme, chanter, fredonner sa chanson favorite, faire un grand ménage du printemps, laver les vitres de ses fenêtres ou sa voiture et apprécier le résultat, téléphoner à un ami, un frère, une sœur, un parent ou un enfant juste pour leur dire ou leur faire sentir qu’ils sont importants pour nous, bref, si on s’y met, je suis persuadé que chacun d’entre nous pouvons pratiquer la gratitude et se sentir bien, ne serait-ce qu’un moment.

Je vous souhaite une bonne journée.

Souvenirs en chantier

Publié: 17 septembre, 2023 dans Écriture, Bonheur, famille
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En s’inspirant d’une photo tirée du compte Pinterest de Gharib Makld, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

Je tenais fermement le petit doigt de la main rugueuse de Grand-Papa, tandis que nous marchions tous les deux lentement sur le trottoir bordant d’immenses édifices qui nous bloquaient les rayons du soleil. En levant la tête pour observer le sommet des gratte-ciels, je fut pris de vertige. C’était tellement haut, si impressionnant. Mes jambes auraient voulues aller plus vite, mais je me retenais, parce que Grand-Papa aime toujours prendre son temps. C’est le secret pour vivre longtemps, me répétait-il souvent. « En prenant son temps, on apprécie davantage chaque moment vécu et du même coup on évite ces gestes empressés et maladroits qui provoquent trop souvent les accidents ». Moi, j’étais juste trop impatient de voir cette gigantesque machine qui ressemblait, selon Grand-Papa, à un énorme bête de somme métallique bien dressée et déplaçant ici et là de lourdes charges pour construire toujours plus haut les tours d’habitation.

Grutier toute sa vie, Grand-Papa adorait me parler de son travail et me raconter ces moments de plaisir intense qu’il ressentait à voir le monde de là-haut. On se sent comme un Dieu, me disait-il, devant ces minuscules créatures qui s’agitent tout en bas, dans un silence assourdi et à peine troublé par le sifflement du vent contre la cabine. En prenant de la hauteur, on s’éloigne aussi des tracas quotidiens, on retrouve plus facilement sa sérénité, sa capacité à voir plus loin que le bout de son nez et à prendre les bonnes décisions.

– Tu verras, m’avait-il dit, d’en bas, on distingue à peine l’opérateur et pourtant lui, voit tout. Il peut agir avec une précision impressionnante, parce qu’avec le temps et l’expérience, les différentes parties de sa grue deviennent une extension de son propre corps, comme tes jambes à toi lorsque tu marches. Tu ne dis pas à ta jambe, lève-toi et marche, tu te contentes de décider où tu veux aller et tes jambes exécutent les ordres. C’est la même chose pour un grutier.

En approchant, on vit au loin, la gigantesque grue qui bougeait lentement dans le ciel. « Regarde, la cabine Simon, on voit le grutier avec son casque jaune ». Grand-Papa lui envoya la main, comme on salue un collègue, mais on ne vit pas l’opérateur lui répondre en retour. « Il est sans doute trop concentré sur sa tâche », me dit Grand-Papa.

Le site était protégé par une haute clôture tout autour du périmètre. Il y avait ici et là, des fissures percées dans la paroi par des curieux. « Regarde par celle-ci », me dit Grand-Papa en désignant une ouverture à ma hauteur. En m’approchant, je vit le chantier. Il y avait un immense trou, comme un cratère de volcan au fond duquel il y avait des tonnes de poutres d’acier entrecroisées. Plusieurs travailleurs portant des casques jaune ou blanc s’agitaient. Une poutre d’acier était en mouvement au bout de la grue, retenue en son milieu par un gros crochet à l’extrémité d’un long câble d’acier.

– Tu vois Simon, Ils ont débuté la structure des premiers étages. Ces immenses poutres et colonnes d’aciers servent de colonne vertébrale pour tenir solidement l’édifice en place. C’est important qu’elles soient installées à des endroits précis, puis assemblées et solidement fixées par l’équipe de construction. Chacun a son rôle à jouer. Regarde celui-là, avec un casque blanc et un walkie-talkie à son oreille. Il est en contact radio avec le grutier pour le diriger et lui indiquer où poser la poutre.

En effet, lentement, la poutre fut amenée et posée délicatement à l’extrémité de deux colonnes verticales, où des travailleurs, tout près se mirent aussitôt à l’œuvre pour la fixer. Puis, après un certain temps, les travailleurs donnèrent un OK pour libérer la poutre toujours retenue par la grue (pour des raisons de sécurité me dit Grand-Papa) et comme un pêcheur, le grutier remonta légèrement le fil d’acier et l’éloigna des travailleurs. Nous sommes resté là de longues minutes à observer les activités du chantier. Grand-Papa était fasciné et semblait nostalgique. Quand il ne dit rien et ne m’explique plus les choses, je sais qu’il a la cœur gros. Parfois, je sais qu’il pense à Grand-Maman, mais là, je me doutais qu’il pensait à son ancien travail.

C’était la première fois qu’il m’amenait voir un chantier. J’aime bien quand Grand-Papa me fait visiter toutes sortes de lieux, m’expliquant des choses. Parfois, on va juste aller chez lui, tous les deux pour passer du temps ensemble. Je lui raconte comment ça se passe à la maison, à l’école, qui sont mes amis, les jeux que j’aime le plus. Il m’écoute, me questionne et je me sens important. Aussi, il nous prépare souvent du chocolat chaud, dans une petite casserole sur la cuisinière. Il laisse le lait chauffer, mais jamais bouillir. Puis, quand c’est bien chaud, il verse du cacao et brasse le tout jusqu’à ce que ça soit bien mélangé. Ensuite, il le verse dans deux tasses, toujours les mêmes. Lui, sa tasse avec la photo de Grand-Maman et moi, celle qui a un petit chien. Parfois aussi, je reste pour la nuit. Il y a un petit lit, en haut, dans la chambre grise et c’est toujours là que je dors. Grand-Papa me laisse une veilleuse pour que je n’ai pas peur et je m’endors facilement, même si je ne suis pas chez moi. Le lendemain matin, il me prépare un déjeuner, avec des œufs, du bacon, des toasts au beurre de pinotte. Ensuite, il me ramène à la maison. J’aime beaucoup Grand-Papa. C’est un peu comme un ami, mais en plus vieux. Les grandes personnes me grondent quand je ne fais pas bien les choses, jamais Grand-Papa. Lui, se contente de m’expliquer.

En rentrant de l’école, le vendredi suivant, Maman pleurait. Je ne comprenais pas pourquoi.

– Qu’est-ce qu’il y a Maman, pourquoi tu pleures?

Elle s’approcha de moi, se mit à la hauteur et me pris dans ses bras.

– C’est Grand-Papa, Simon, il a eu une crise cardiaque tout à l’heure et quand l’ambulance est arrivée, il était trop tard.

– Quoi? Grand-Papa est mort?

– Oui, Simon, je suis désolée.

Sur le coup, Je ne ressenti rien de particulier, j’étais juste surtout troublé de voir Maman pleurer. Je montai à ma chambre pour déposer mon sac d’école et m’installai sur mon lit pour réfléchir. Grand-Papa était mort. ça voulait dire que c’était fini les sorties avec lui, les soirées juste nous deux. Je ne le reverrai plus. Plus jamais. Jamais! Toutes sortes d’images se mirent à déferler dans ma tête, la dernière fois où je l’avais vu, nos parties de cartes, de Yum, nos rires synchronisés quand il me racontait une blague et éclatait de son rire communicatif, m’entraînement dans un cascade de rigolade à en oublier pourquoi on riait. Tout à coup, les larmes me vinrent aux yeux et je senti une boule se former au fond de ma gorge. M’assoyant sur le bord de mon lit, je m’essuyai les yeux et me pris la tête entre les mains. Je pensai à notre sortie, la semaine dernière. Lorsqu’il m’avait ramené à la maison, nous nous étions assis ensemble derrière la maison, près de la piscine et il m’avait demandé comment j’avais apprécié ma journée au chantier, comment ça lui avait rappelé son travail qu’il aimait tant.

J’eus alors envie de retourner sur cette chaise près de la piscine où nous étions tous les deux la semaine dernière. Je sorti et m’installai en regardant les reflets de l’eau, perdu dans mes pensées. Une feuille portée par le vent me tomba dessus. Je regardai le ciel et fit un signe de la main. Il ne me répondit pas, mais j’étais persuadé que de là-haut, il voyait tout maintenant.

– Merci Grand-Papa, je t’aime.

Au passé, il nous ramène à des souvenirs heureux, réveillant en nous des émotions intactes et précieusement conservées. Il se ravive par une chanson, un mot, une image, une pensée qui évoque quelque chose en nous, une certaine nostalgie qui fait du bien. Je l’appelle notre coffre au bonheur, celui qui renferme tout ces moments que l’on peut se remémorer quand bon nous semble, juste pour se faire du bien.

Au futur, il nous projette dans l’expectative du moment heureux qu’on prévoit vivre, générant en nous, des émotions de plaisir, de ce qu’on verra, entendra ou ressentira. Il peut naître en regardant sur internet le menu du resto où on souhaite aller souper, en pensant au prochain spectacle de Simon Leblanc qui nous fera tant rire, en pensant à un voyage qu’on fera peut-être dans un pays étranger ou juste dans une autre région et en planifiant ce qu’on voudra y voir, y faire, à ce qu’on y découvrira et qui viendra par la suite enrichir notre coffre à bonheur.

Au présent, si on ouvre bien ses yeux, ses oreilles et son cœur, il se cache dans tout ce qui nous entoure là, maintenant, dans le calme du matin qui se présente en prélude à l’automne ou dans le chant du vent entre les feuilles moins tendres ou encore dans la chaleur du soleil matinal qui nous frappe quand on sort d’une zone ombragée. Il se cache dans le sourire d’une personne aimée, dans ses yeux brillants ou le confort agréable d’un câlin bien serré. Il se cache dans tout ce qu’on a et qu’on oublie parfois et il n’en tient qu’à nous de le laisser émerger et bien débuter une journée.

Bonheurer mes amis, surtout ne vous en privez pas.

Pétales au vent

Publié: 1 avril, 2023 dans amour, Écriture, famille
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Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra. En s’inspirant d’une photo de Johannes Plenio, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@ Johannes Plenio

Parfois vers la fin, il ne reste qu’un tout petit peu de nous. D’une fleur éclatante au zénith de ta vie, tes pétales ont peu à peu perdu de leur vitalité, se sont fanées, desséchées, refermées sur elles-mêmes et transformées jusqu’à n’être plus qu’un brouillard qui s’accroche aux nuages. Et puis d’un souffle, d’un simple coup de vent, elles t’ont quitté, ne laissant plus qu’une tige maigre et dénudée.

Dans tes yeux, dans ce regard un peu vide qui ne me reconnait plus, tu sembles chercher un lien dans les recoins de ta mémoire partiellement effacée, te disant que tu as sûrement vu ce type quelque part, mais quand et où, pas moyen de mettre le doigt dessus. Ta personnalité, ton rire et tes histoires ont pris le vent et se sont dispersés de par le monde où elles se poseront doucement ici et là, redonnant vie à d’autres souvenirs qui raconteront la fleur que tu étais.

Le monde invisible

Publié: 18 février, 2023 dans Écriture, famille
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Pour l’atelier d’écriture de Leiloona, en s’inspirant d’une photo de Fred Hedin, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

© Fred Hedin

Surpris, Paul s’arrêta brusquement sous le lampadaire de la ruelle mal éclairée. Son ombre avait disparue. Ben voyons, se dit-il, c’est fou quand même, pourquoi mon corps ne fait-il pas obstruction à la lumière du lampadaire? il eut beau se déplacer à gauche à droite, regarder la lumière puis le sol, il ne voyait tout simplement pas son ombre. C’est donc ben étrange se dit-il…Il reprit sa marche nocturne et revint chez lui en se questionnant.

Paul était du type introverti. Depuis l’enfance. C’est fréquent chez le deuxième enfant d’une fratrie. Son frère aîné avait bénéficié des privilèges du premier enfant, celui qu’on désire, qu’on attend, celui qui transforme le couple en famille. Paul, lui, était arrivé onze mois plus tard. Trop tôt. Ses parents étaient fatigués et encore en adaptation de sorte que l’accueil avait été beaucoup moins festif, c’est le moins qu’on puisse dire. Même si un bébé ne met pas de mots sur ce malaise, il le ressent dans son corps et ça sculpte sa personnalité. Très tôt, il comprit donc qu’il valait mieux ne pas être trop demandant, rester silencieux, ne pas déranger. Quand sa petite sœur était arrivée, trois ans plus tard, ses parents y étaient mieux préparés et heureux de l’accueillir. Les parents aiment avoir des enfants des deux sexes. Une sorte de mission accomplie. Il y avait donc l’aîné, la benjamine et lui le cadet comme dans l’expression « C’est le cadet de mes soucis ».

Alors que ses frère et sœur parlaient haut et fort, se chicanaient souvent et recherchaient l’attention des parents, Paul préférait le silence, le calme, ne pas faire de vague, s’organiser seul sans avoir besoin de personne. Ce n’était pas toujours facile, mais il y parvenait assez bien, quitte à sacrifier certains aspects de sa vie où une collaboration externe aurait été la bienvenue. Il se plaisait à passer inaperçu. Son choix de vêtement, sa démarche, le ton de sa voix, l’économie de mot, son comportement en général n’attirait jamais les regards, il se fondait dans l’environnement, ni vu ni connu et ça lui plaisait bien ainsi d’être invisible aux regards et pensées des gens.

En entrant chez lui, il jeta un coup d’œil dans le miroir de l’entrée et ne vit que le mur derrière. Sous le choc, il regarda à nouveau, en se plaçant bien au milieu devant le miroir sans plus de succès. Son cœur s’affola. Impossible, se dit-il, mais qu’est-ce qui m’arrive?

Une voix qu’il reconnaissait surgit alors d’on se sait où autour de lui.

-Ça va aller, Paul, tout va bien se passer. Calme-toi. Une voiture t’a renversé tout à l’heure.

Son grand-père, décédé l’année dernière était là derrière lui, translucide, comme éclairé de l’intérieur.

-Viens Paul, dit-il, il y a des tas de gens qui souhaitent te revoir dans toute ta lumière.

Pensée du 15 décembre

Publié: 15 décembre, 2022 dans famille, Pensée du jour
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Dimanche matin, il pleuvait déjà quand je me suis levé. Je n’allais tout de même pas me priver de ma marche quotidienne pour quelques gouttes.

Je suis donc parti marcher sous la pluie  et sans parapluie. Au départ, c’est un peu particulier. Le réflexe de se mettre à l’abri est bien ancré. Quand un enfant joue dehors et qu’il commence à pleuvoir, généralement ça ne l’empêche pas de continuer ses jeux, jusqu’à ce qu’un parent lui crie « Rentre dans la maison, il pleut! » ou « ne reste pas dehors, tu vas attraper un rhume! ». on finit pas intégrer ces réflexes. Pourtant, il faisait 18 degrés en ce dimanche matin, donc une température très confortable, même sous la pluie. Au bout d’un certain temps, j’ai finalement oublié que j’étais mouillé et mon attention s’est portée sur ce qui se passait autour.

J’ai remarqué que les oiseaux n’avaient pas cesser de chanter. Ce n’est donc pas si terrible que ça, la pluie. Le bruit qu’elle fait en touchant le sol ressemble à un bruit blanc, un peu comme lorsqu’on syntonise un poste de radio entre deux canaux. C’est un bruit paisible. Plus loin, marchant le long du canal de Chambly, j’ai vu la tête d’un animal dépasser de l’eau. De loin j’ai pensé à un rat musqué, mais m’approchant je l’ai trouvé bien gros, un rat musqué géant, peut-être. J’ai alors vu, sous la surface de l’eau sa longue queue plate. C’était un castor. Étonnant! Je n’en avais jamais vu dans la région. Il nageait en rond au bas de l’écluse, flottant sans se forcer et me regardant sans crainte, se sachant en sécurité au milieu du canal. Il semblait afficher une certaine fierté, comme s’il se prétendait être le constructeur de l’écluse. C’est un fameux barrage pour un castor. J’ai ensuite repris ma marche. La pluie avait cessé. J’ai pensé à ce voyage humanitaire au Guatemala que voulait faire ma plus jeune  l’année prochaine. On lui avait refusé, parce c’est tout de même assez dispendieux, mais en y repensant, je me suis dit que ce serait tellement une belle expérience pour elle, de voir ce qu’est la vie des gens là-bas. J’en ai donc rediscuté avec ma blonde et on a décidé de lui payer un peu plus de la moitié de son voyage. Elle devra donc économiser pour payer l’autre partie. Un autre beau projet pour elle.

Ma fille va bientôt quitter pour un long voyage d’un an.

Plus tout à fait certaine de son choix de carrière, elle a voulu prendre un peu de recul, après une année de Cégep pour clarifier ses idées. Joignant l’utile à l’agréable, elle a eu l’idée de s’inscrire à un organisme qui a pour nom « Fille au pair ». C’est un organisme qui se donne pour mission de mettre en contact des familles et des jeunes filles qui veulent ainsi découvrir une autre région du monde, tout en ayant un job de gardienne d’enfants. Elle part donc pour la Colombie-Britannique, le 15 juin prochain pour un séjour prévu d’une année complète. Elle reviendra de là complètement bilingue, aura eu le temps de réfléchir à sa carrière et prendre beaucoup d’autonomie. Je trouve que c’est une formidable expérience pour elle. Elle en reviendra grandi. Évidemment, on va s’ennuyer d’elle. Je lui ai acheté un Netbook avec caméra et j’y ai installé Skype. Nous savons déjà qu’elle aura accès à internet là-bas, alors on pourra la voir et lui parler régulièrement. La famille qu’elle a choisi vit en banlieue de Vancouver, dans une petite ville à 10 minutes de la mer. Elle aura la garde de 4 enfants âgés de 8 mois à 7 ans. Ça peut sembler beaucoup, mais je sais que ça ira bien pour elle. Elle est très responsable et elle est douée avec les enfants. On a déjà eu l’occasion de discuter avec la famille là-bas, ce qui m’a rassuré. Je tenais évidemment à avoir une idée de leurs valeurs avant de la laisser partir là-bas.

À peu près au même moment, mon fils va quitter pour aller habiter à Montréal. Il a déjà un travail, bien rémunéré, et comme jeune adulte souhaite se rapprocher de l’action, de son travail et de ses amis. Il a plein de projets en tête et mord pleinement dans la vie.

Sur les 3 enfants, nous n’aurons plus à la maison que la plus jeune, âgée de 15 ans qui est parallèlement la plus voyageuse du clan, celle qui a déjà visité Cuba, qui est parties à quelques reprises déjà pour des semaines de vacances entre amies en Gaspésie, Québec, dans la région d’Ottawa, qui rêve de voyager en France en Grèce (eh oui!)  et qui va aller à New-York à la fin juin avec une amie et la mère de celle-ci.

Progressivement, ils prennent leur autonomie et s’apprêtent à s’envoler pour construire leur propre vie. C’est plaisant de voir où ils en sont. Ils auront des difficultés, des peines comme on en a tous, au cours d’une vie, mais je les sens bien outillés pour faire face aux défis qui se présenteront sur leur chemin.

La présente génération de jeunes sera très probablement la toute première qui aura une espérance de vie moindre que celle de leurs parents.

Cette génération est moins active et a de mauvaises habitudes alimentaires et elle préfère aussi généralement les aliments industrialisés aux fruits et légumes frais.

Un prof d’éducation physique m’avait d’ailleurs déjà mentionné, il y a une dizaine d’années, que les élèves qui se classaient « moyens » par leurs performances physiques dans les années ’80 auraient été classés « forts » au début des années 2000 avec les mêmes performances.

Ces « natifs numériques » (voir la définition sur Wikipédia), adeptes du cocooning passent beaucoup de temps à se projeter dans le virtuel et moins à bouger et vivre dans le concret. Il faudrait sans doute ramener les bonnes pratiques du « vas jouer dehors! »…même si dehors il y a toutes sortes de trucs qui les menacent: Ils peuvent se faire frapper par une voiture, enlever par un pédophile, déchiqueter par une souffleuse à neige (pas cette année), taxer par le matamore du coin ou enrôler dans un gang de rue.

Éphémère

Publié: 27 janvier, 2010 dans L'essentiel, Société
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Éphémère! Voilà ce que sont devenus la plupart des produits de consommation aujourd’hui.

C’est le 2ième séchoir à cheveux qui cesse de fonctionner. Une durée de vie de 5 à 8 ans tout au plus. Nous avons donc ressorti l’ancien séchoir à cheveux que ma blonde utilisait à l’adolescence et qui a donc quasiment 30 ans. Bon, il est bruyant tout de même, mais il fonctionne parfaitement.

Le grille-pain est moribond. Il a perdu des pièces, et les tranches de  pain ne remontent pas complètement, une fois qu’elles sont est grillées.  Nous avons, au sous-sol, un vieux réfrigérateur de marque Frigidaire, celui que mes parents avaient acheté lorsqu’il se sont mariés en 1958. Il a donc plus de 50 ans et il fonctionne parfaitement, lui.  Notre réfrigérateur « moderne », acheté il y a une quinzaine d’années a dû être réparé à 2 ou 3 reprises depuis l’achat.

J’ai le sentiment qu’à une autre époque, les manufacturiers se faisaient un point d’honneur de fabriquer des appareils solides, faits pour durer. Puis, les « marketeux » ont commencer à analyser la clientèle et établir des modèles types. Ainsi, si le réfrigérateur dure 50 ans, on en vendra un ou deux par ménages, mais si on avait la brillante idée de fragiliser les composantes, la clientèle devra renouveler ses électroménagers plus fréquemment, ce qui augmentera les ventes. En fabriquant avec des pièces de moindre qualité, on a donc pu mettre en marché des appareils à prix moindres et les « vrais », les appareils faits pour durer ont perdu des parts de marché pour finalement disparaître.

Heureusement, ma blonde et moi formons un couple d’un ancien modèle!