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Le rang de fraises

Publié: 14 avril, 2013 dans L'essentiel, plaisir, Réflexions
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fraisesÀ tous les étés, ma blonde va cueillir des fraises au Jardin de M. Jacques, un site d’auto-cueillette près de chez moi. M. Jacques l’aime bien, d’abord parce que, comme lui, ma blonde est une extravertie volubile et sympathique qui a toujours quelque chose à dire. Ensuite, parce qu’elle est perfectionniste. Quand elle s’attaque à un rang de fraises, elle cueillera toutes celles qui sont mûres, qu’elles soient en surface, en hauteur ou cachées en dessous des feuilles du bas. Elle n’en oublie aucune, ce que M. Jacques apprécie particulièrement. Certains clients vont se contenter de ne cueillir que les plus grosses fraises faciles d’accès, sans se préoccuper des autres, ce qui laisse des rangs à moitié faits.

Dans le même ordre d’idée, face à la nourriture, tous n’ont pas la même capacité d’absorption. Cela dépend en grande partie, de l’efficacité du système digestif. Ainsi, pour les mêmes portions de la même nourriture, certains en tireront davantage d’énergie que d’autres, tout simplement parce que leur système digestif est plus efficace. Il tire le maximum de ce qui est disponible. Ça peut être une capacité héréditaire, mais je pense que ça peut également être la conséquence d’une adaptation du corps à son environnement, notamment, un manque de nourriture disponible, ce qui l’a forcé à devenir plus efficace.

Ainsi, je compare l’efficacité digestive aux comportements des gens face à un rang de fraises. Certains prendront tout ce qui est disponible, d’autres se contenteront du minimum, laissant le reste derrière.

dantonUne douleur sourde m’a coupé le souffle. Mes oreilles bourdonnent. Je tombe, face contre terre au fond d’un panier d’osiers. Une main m’agrippe les cheveux et me soulève devant la foule, qui retient son souffle. Ma vue s’embrouille et je jette un dernier regard à mon corps toujours couché sur la guillotine.

Au retour du travail, hier, j’écoutais un reportage sur Georges Danton, ce géant de la révolution française, guillotiné en 1794 à l’âge de 35 ans. Alors que son bourreau l’attachait à la guillotine, il trouva moyen de faire un peu d’humour en lui disant: « N’oublie pas surtout, n’oublie pas de montrer ma tête au peuple : elle est bonne à voir. »

Je me suis alors demandé ce qu’on pouvait ressentir d’avoir la tête séparée du corps avec encore assez de vie en soi pour en prendre conscience…Puis, j’ai pris une grande et longue respiration, j’ai senti mes poumons se gonfler, j’ai senti la vie circuler dans tous mes membres et je me suis senti heureux de pouvoir profiter d’un bonheur aussi simple et accessible à tous.