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L’épaisseur de la coquille

Publié: 26 février, 2011 dans famille, L'essentiel, motivation

En cassant un oeuf ce matin, pour préparer mon déjeuner, j’ai été surpris qu’il brise si facilement. La coquille était toute mince, comparativement à celle des oeufs que l’on consomme habituellement.

Nous mangeons bio, chez moi: Fruits et légumes en bac, de l’été à l’automne, bac d’hiver par la suite, viandes et oeufs bios, provenant directement du producteur. Les oeufs bios se démarquent notamment par l’épaisseur de leur coquille. Ces poules pondeuses, laissées en liberté, picorent le grain par terre, ont accès à la lumière du jour et sont nécessairement moins stressées que les poules des usines de production.  Plus en santé que leurs consoeurs travaillant à l’usine, elles produisent aussi des oeufs de meilleure qualité.

J’ai toujours considéré que la coquille, chez les ovipares, jouait un rôle bien particulier dans le cheminement de vie de ces animaux. Les petits doivent fournir passablement d’efforts pour briser cette coquille et ce faisant, ils développent la force nécessaire pour faire face à la vie. Ainsi, une coquille plus épaisse demande plus d’efforts à percer et fait également en sorte que les petits naissent plus forts que les autres.  On souhaite tous éviter à nos enfants certaines épreuves que l’on a vécu soit-même et ainsi rendre leur vie aussi douce que possible. Pourtant, ces épreuves sont aussi la coquille qu’ils doivent percer pour se construire eux-même.  L’important est de faire en sorte que la coquille ne soit ni trop dure, ni trop mince pour qu’ils développent leur potentiel sans se décourager tout en étant conscient des efforts qu’ils ont dû mettre pour y parvenir.

Quand on se pose sur une autre planète, tous nos sens sont en alerte. C’est un peu comme ça, que j’ai vécu ma première semaine dans ce nouvel emploi.

J’ai quitté une industrie dont je connaissais tous les rouages, pour une autre où tout était nouveau pour moi. Délibérément. Refaire ses repères, établir des liens avec de nouvelles personnes, écouter, comprendre, poser des questions, décoder le jargon propre à un nouveau domaine, c’est tout simplement passionnant.

Mardi, ma plus jeune revient du Guatemala où elle a passé deux semaines dans le cadre d’un voyage organisé par son école. Deux semaines, à travailler dur dans un orphelinat, découvrir une nouvelle culture, apprivoiser une nouvelle langue et surtout comprendre le sens profond du mot « essentiel ». Nous vivons ici dans un luxe incroyable quand on compare notre quotidien à celui vécu par ces enfants là-bas. Ce genre d’expérience ouvre l’esprit, nous racontait un des encadreurs avant de partir. Comprendre à quoi tient l’essentiel, c’est se libérer de nos chaînes, surtout celles que l’on s’impose en s’entourant de tout ces biens matériels qui sont surtout là pour nous rassurer. Voyager léger dans la vie, c’est se donner une chance d’aller plus loin.

Je regarde autour de moi et je m’imprègne de l’ambiance, de l’atmosphère pour bien graver ces moments dans ma mémoire. Aujourd’hui, je quitte une entreprise où je travaille depuis 25 ans. Après toutes ces années dans une entreprise de transport public,  j’ai accepté, il y a 3 semaines,  un offre d’emploi très intéressante dans un domaine complètement différent, soit l’industrie pharmaceutique. Évidemment, puisque j’oeuvre dans le domaine des technologies, je m’y retrouve assez rapidement et les solutions mises en place se ressemblent toutes un peu, même dans des industries différentes.  C’est toutefois excitant de découvrir une nouvelle industrie et ça répond tout à fait à cet irrépressible besoin  qui m’habite d’apprendre, analyser, explorer, découvrir de nouveaux univers.

C’est un mélange de nostalgie et fébrilité qui m’habitent actuellement. Je suis un peu triste de quitter toutes ces personnes avec qui j’ai développé des liens d’amitié à travers les années et je suis fébrile à l’idée de débuter cette nouvelle aventure qui s’annonce porteuse de belles bouffées d’adrénaline. J’ai longuement réfléchi avant d’accepter cette offre,  mais l’idée de transposer mes connaissances dans une nouvelle industrie a été plus forte que tout. Cela faisait partie de mes projets « À réaliser absolument » au cours de ma vie et quand cette opportunité unique s’est présentée, je ne pouvais qu’y répondre positivement.

Lundi matin, 8h30, l’aventure commence.

« J’aime jouer, j’aime incarner des personnages, mais je n’aimerais pas être une célébrité. »

C’est avec ces mots que ma plus jeune me parlait de sa passion pour le théâtre. Un certain temps, elle envisageait même entreprendre une carrière dans ce monde, être actrice, mais l’idée de devenir trop célèbre l’embêtait tout de même un peu.

Puis, l’intérêt diminua. Elle disait aimer le théâtre, mais peut-être pas pour en faire carrière. « J’aime jouer, mais pas nécessairement devant une foule », ajoutait-elle.  Elle envisagea alors d’autres carrières possibles, dont celle de neurologue, puisque les sciences du cerveau l’intéressent également. Elle sait que tout est possible, si on le veut vraiment et qu’on est prêt à y mettre les efforts requis, alors pourquoi s’imposer des limites!

Mes enfants ont souvent eu du succès dans leurs projets scolaires ou personnels: Bourses, méritas, compétitions, prix de toutes sortes. Ils sont doués, c’est vrai, mais la raison principale de leur succès tient à quelques éléments tout simples qui sont pourtant à la portée de tous:

  • Se fixer des objectifs ambitieux
  • Être déterminé à les atteindre
  • passer à l’action et y mettre tout son coeur.

Récemment, une autre possibilité de carrière lui est apparue. Elle s’est dit qu’elle pourrait peut-être faire du doublage de films ou de séries télé. Certains, tel Joel Legendre en ont fait une carrière. Elle pourrait ainsi, à la fois jouer, mais sans être sur les planches pour autant. La carrière idéale!.  « Ben, fais-le! » lui dit alors sa soeur, « écris leur! ».

Et c’est ce qu’elle a fait.  elle a pris la liste de toutes les entreprises oeuvrant dans ce domaine dans la région de Montréal et leur a envoyé une belle lettre, leur expliquant sa passion. Deux d’entre eux ont répondu, dont un sympathique directeur de studio qui avait été touché par tant de détermination chez une ado de 15-16 ans. Il lui proposait même de venir en studio pour faire un bout d’essai. Quelle nouvelle fantastique, ma fille était super excitée.

Nous y sommes allé hier soir. On lui dit alors que si son bout d’essai en studio était bon, on lui proposerait de rendre 7 lignes d’un documentaire en surimpression de voix. Le test fut bon. On lui fit alors signer un contrat et on la rémunéra une centaine de dollars pour sa prestation. Elle l’aurait fait gratuitement pourtant.

Le sympathique monsieur nous a également fait visiter le studio au complet et nous a parlé de ce métier de doubleur, expliquant comment elle devrait s’y prendre pour réussir dans ce domaine. Sa générosité m’a vraiment touché.

Il y a parfois des gens, qui apparaissent comme ça sur votre chemin et qui vous aident, vous guident, vous permettent de réaliser vos rêves sans rien demander en retour. En revenant à la maison, elle chantait dans la voiture, de cette voix que j’écouterais encore et encore. Elle nageait dans le bonheur et nous aussi.

je repensais à ces paroles  de Paulo Coelho tirées de son livre l’Alchimiste:

« Quand on veut une chose, tout l’Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve. »

Au fond, il suffit d’y croire et de passer à l’action.