Se sentir « reject »

Publié: 14 mars, 2010 dans Réflexions
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Avoir le sentiment de ne pas être conforme aux valeurs du groupe, à l’opinion générale, se sentir isolé, mis de côté. Quelle douloureuse expérience, quelle épreuve devrait-on dire, parce que face à ce genre de situation on a deux choix. Soit on se conforme, soit on persiste. Pour ceux qui ont le besoin viscéral de se sentir aimé et accepté, le piège, c’est de se conformer, de cesser d’être ce qu’on est fondamentalement pour ne plus se sentir rejeté. Persister, c’est un affront direct aux valeurs du groupe qui entraîne généralement des comportements qui peuvent aller du sarcasme à l’intimidation voire même à l’agression.

Les deux stratégies visent soit une adaptation personnelle à un environnement différent, soit une tentative de changement de cet environnement. Chez ceux qui persistent, on retrouve deux types de personnalité: Ceux qui veulent changer le système et qui ont les ressources personnelles nécessaires pour amener ce changement aux valeurs et choix du groupe.  Cela suppose des compétences en communication, un certain charisme, une capacité à argumenter à persuader des individus au sein du groupe de changer d’avis.

Et il y a ceux qui rejettent les idées du groupe, persistent dans leur façon de faire ou de voir les choses, mais qui s’isolent, joue l’indifférence en solo.  Je me souviens de tels individus, alors que j’étais enfant. Vous en avez sans doute également connu. Que deviennent-ils plus tard?

commentaires
  1. On en parle beaucoup actuellement des rejetés à l’école car les conséquences sont dramatiques, allant jusqu’au suicide. Faut avoir l’oeil ouvert, il pourrait s’agir de notre enfant et on ne le saurait pas. Il faut intervenir, ça ne s’arrange pas tout seul.

  2. Air fou dit :

    Tellement relatif, ne pas être conforme… Tu ne trouves pas? Ne sommes-nous pas tous et toutes les rejets pour quelqu’un d’autre? À moins d’être caméléon (ou politicien??? :D)?

    Il y a des gens qui ont du charisme, mais quand tu fouilles pour comprendre les valeurs, oups! D’autres qui en ont moins mais qu’on découvre avec surprise et bonheur. Certains qui rassemblent largement, et le font bien, d’autres qui nuancent à des degrés divers, d’autres qui creusent, d’autres qui fouillent… Et toutes ces choses se font aussi avec la personnalité de chacun/e, les valeurs de chacun/e.

    Une dame de peut-être 80 ans, que l’on critiquait et cherchait à ridiculiser parce que, oh scandale, elle avait des mèches de différentes couleurs dans les cheveux… Pis, ça????? À partir de quel âge faut-il arrêter d’exprimer ses gouts? Ah, si on est une femme, très tôt. Juste un exemple…

    Je pense qu’avec le temps et la maturité, le plus important devient d’être intègre car c’est dans sa tête à soi que l’on s’endort le soir.

    Bien sûr, il y a aussi des situations qui forcent à se conformer pour conserver certains droits essentiels. Une journaliste (ou un) qui porte une burqah dans un pays où elle ne pourrait faire son travail, pas plus agréable que d’autres situations un peu partout dans le monde.

    Je peux te dire, comme tant et tant d’autres qui ont vécu ce genre de situation, que enfant, adolescent, soit ça tue, soit ça forge le caractère et oblige à SE choisir. Je souhaite que David Fortin, et d’autres, se soient choisis. Ensuite, dans ma famille et autour de moi, j’aurais dû me sentir coupable d’être une intellectuelle. Dans ma famille élargie, de ne pas aimer les trucs genre Barbie, Walt Disney, Mc Do, etc… Bin coudons. Moi, je les aime bien pareil, et je ne peux m’empêcher à comment ils seraient les « rejected » des gens qui me trouveraient trop à droite parce que je les aime pareil.

    T’sais…

    Bon début de semaine, Pierre!

    Zed ¦)

  3. pierforest dit :

    @uneFemmeLibre: Oui, c’est à eux que je pensais. Il y a ceux qui ont déjà une forte personnalité et qui, bien qu’ils soient marginal, se font accepter par le groupe en étant catalogué d’original, de libre penseur. Mais très souvent, ceux qui sont rejetés par les autres enfants à l’école le sont également à la maison, en vivant des situations familiales difficiles. Ceux-là sont susceptibles de devenir des bombes à retardement, soit pour eux-même, soit pour les autres. Ne rien faire, c’est allumer la mèche. Comme disait Luther King, ce qui est inquiétant ce ne sont pas tant les méchants que l’indifférence des bons.

    @Zed: Le cas de David Fortin que tu soulèves me paraît dans cette catégorie. Qu’aurait-on pu faire…qu’auraient dû faire les dirigeants de cette école, les autres enfants? Sa fuite, sa disparition est symptomatique d’une situation trop difficile à gérer tout seul. J’ai en tête, un élève de l’école où j’étudiais quand j’étais ado et qui était catalogué de « fifi », parce que ses gestes, ses intérêts, ses goûts ressemblaient davantage à ceux des filles que ceux des gars de mon époque. Plus tard il a quitté la région et a fait sa vie ailleurs, s’est marié et j’ai su qu’il gardait beaucoup de rancune face à cette période et qu’il ne voulait plus rien savoir de ses anciens collègues. L’idée d’un conventum le rebutait. Cette époque est comme une tache qu’il veut effacer.

  4. Air fou dit :

    Pierre,

    Tant de choses tuent ou blessent à jamais des parties intimes de …nous! Tant de choses gravent des traces avec lesquelles il n’y a comme solution que de composer ou d’en finir.

    Tu me fais découvrir Luther King et je t’en remercie. Quelles citations!!! L’indifférence, à mon sens, est la pire des violence.

    David Fortin qu’aurait-on pu… Impossible! Éliminer le sexisme, les stéréotypes, c’est pas demain la veille. Ne pas baisser les bras, comme le disait l’autre jour caboche chez moi à ce sujet.

  5. Méli dit :

    Pas facile, on a tous tellement besoin de se sentir accepté… J’ai toujours eu une personnalité assez forte et j’assumais assez bien ma « différence », mais ça n’est pas donné à tout le monde et par moment, j’ai trouvé difficile certains rejets… Je me rappelle encore qu’en maternelle une autre enfant m’avait mis à l’écart en disant aux autres que j’avais la peste, et avait réussi à m’isoler… Étrangement, une des élèves n’étaient pas embarquée dans ce petit jeu et était restée mon amie… Ben, j’avais perdu de vue cette amie et je l’ai retrouvée 30 ans après, on a renoué notre amitié qui est toujours présente aujourd’hui, je lui étais reconnaissante de ne pas m’avoir laissée tomber à 5 ans… Pour dire combien ça peut marquer… Pas simple comme problème !

  6. pierforest dit :

    @Zed: Je comprends la mission que tu t’es donnée.

    @Méli: Oui, tu as tout à fait raison. Le rejet provoque des blessures qui ne guérissent jamais tout à fait. Rejetons le rejet.

  7. Eldiablo Minouchka dit :

    À mais c’est un texte qui frappe. J’aime ta question à savoir que sont devenus ceux qui jouaient en solo? Je l’ignore mais je peux te dire que s’accueillir comme l’on es réellement peut importe les normes établie est un long processus qui parfois nécessite de l’aide extérieur. Beaucoup d’individus n’y arriveront jamais, beaucoup d’individus ne seront pas n’ont plus affecter de ne pas y être arrivé. Quand la personnalité veut immerger, faut prendre les grands moyens pour la laisser libre. Ma psychothérapeute, m’aide incroyablement. Je m’aide incroyablement également dans ce processus. Beau texte! Bonne semaine!

  8. pierforest dit :

    @Minouchka: Je me souviens d’un documentaire ou on voyait la réaction d’un animal qui avait passé sa vie en cage lorsqu’on laissait la porte ouverte. Ils étaient craintifs. La liberté fait peur quand on a été emmuré toute sa vie.

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