Atelier d’écriture de Leiloona.
En s’inspirant d’une photo de Kot, écrire, juste pour le plaisir d’écrire.
Quand c’est arrivé la première fois, il y a environ 6 mois, Antoine n’a pas fait le lien. Il remettait sa carte de crédit à la caissière du marché, quand leurs doigts se sont légèrement touchés. Celle-ci avait alors levé vers lui des yeux bleus pétillants en affichant un sourire enjoleur qu’elle compléta de façon coquine en se mordant la lèvre inférieure. Il fut par ailleurs décontenancé de noter à quel point ses pupilles étaient dilatées, se demandant même alors s’il s’agissait de drague ou de drogue. Il lui rendit un sourire poli et quitta rapidement, mais se retournant, quelques pas plus loin, il constata qu’elle le regardait toujours intensément. Peu habitué à ce genre de réaction, il fut à la fois surpris et flatté par cette situation hors de l’ordinaire. Le sien en tout cas.
Puis, dans les jours qui suivirent, les incidents se multiplièrent. On lui accordait tout à coup une attention impressionnante, démesurée, comme s’il était devenu une superstar ou je-ne-sais quel sex-symbol. Les déclarations d’amour implicites ou explicites venaient de toutes parts, à tel point qu’il commença à s’en inquiéter. Son miroir ne lui retournait pourtant rien de différent. Il n’utilisait pas de ces parfums pour homme qu’on annonce à la télé, n’avait ni changé son savon ni sa façon de se vêtir, c’était à n’y rien comprendre. Pourtant, dès qu’il touchait à une personne, connue ou inconnue, voilà qu’elle semblait tomber instantanément amoureuse avec lui. Si au début, c’était étrange et au fond assez flatteur, au fil des jours cela devint inquiétant voire même embêtant.
En réfléchissant bien, il en déduisit que tout avait débuté juste après cette randonnée en montagne où il s’était écorché le bout du doigt sur cet arbre centenaire au pied duquel il avait fait une pause. Aussi impensable que ça puisse paraître, la seule conclusion logique à laquelle il parvenait était que cette écorchure lui avait donné un pouvoir d’attraction magique qu’il exerçait maintenant sur tous ceux qu’il touchait du doigt.
La nature humaine étant ce qu’elle est, il en profita pas mal, au début, il faut l’avouer, mais rapidement Antoine perdit tout plaisir à utiliser son doigt magique qui le laissait avec le sentiment de tricher et se priver ainsi de l’amour véritable, celui qui nait d’un regard et qui se développe progressivement au-delà des apparences et des artifices. Constatant que l’étrange phénomène ne se produisait que lorsqu’il touchait directement les gens, il prit donc l’habitude de porter continuellement un petit bandage au bout de son doigt pour éviter d’ensorceler quiconque autour de lui.
Jolie façon de traiter cette photo avec de la magie, du charme et de l’humour.
Quelle histoire superbe vraiment! Il faut en sortir quelque chose!!!!
@Sabariscon: Il y a probablement matière à élaborer.
merci sabariscon.
Hahaha! C’est adorable ce texte. Mais d’oû sors-tu cette imagination débordante? Je pense que c’est mon texte préféré jusqu’ici. Punché et subtil. Bravo!
@UneFemmeLibre: Je suppose que la pression de devoir rendre le texte pour le lundi matin stimule l’imagination. Content que ça te plaise.
Superbe histoire !
merci!
je ne peux que lui donner raison 😉
C’est la voix de la sagesse Adrienne. 😉
Bravo pour l’imagination ! Mais c’est vrai que l’idée est si riche qu’on en redemande 😉 .
J’aime ouvrir la porte au fantastique, à la magie. C’est amusant et ça libère du quotidien.
Bien trouvé pas facile d’inventer une histoire sur un pansement au bout du doigt. Bravo.
Merci Solange.
J’aime ce mélange de fantaisie et de réalisme. Au début, je croyais que c’était parce qu’il portait un livre avec lui, et que ça attirait les femmes 😉
Ellettres: Ça aurait été une bonne idée.
Mais quel talent, quelle imagination débordante. J’en aurais pris davantage!
Merci Zoreille, c’est vraiment motivant de recevoir tous ces beaux commentaires.
Cela me rappelle les histoires que mon père inventait pour moi quand j’étais petite,elles avaient toujours quelque chose de magique!!….
@Benedicte, tu me rappelles que je faisais la même chose avec mes enfants quand ils étaient tout petits. Le soir, quand ils étaient au lit, lumière éteinte, c’était le moment du « Papa, raconte-moi une histoire dans le noir ». la formule était la suivante: je leur demandais de me donner un ou deux personnages, généralement des animaux, leur nom et un lieu et je partais de cela pour leur inventer une histoire. Parfois, c’était un peu décousu, mais à d’autres moments, il en est sorti des histoires dont ils se rappellent encore.
Très drôle ! On voit tout de suite les fantasmes des mecs ! 🙂 (euh, la fin, j’y crois pas, lol)
@Adèle: ah ah…faut quand même donner la chance au coureur.
Très belle introduction… et le reste? Il existe départs fulgurant qui créent des attentes… parfois justifiées.
Grand-Langue
@Grand-Langue: Merci du commentaire. Je ne sais pas trop comment m’y prendre pour écrire de longues histoires. Ça demande une préparation, des plans et tout cela semble complètement bloquer l’inspiration et la liberté dont j’ai besoin pour écrire. Au fond, je dois peut-être me limiter à écrire ce qu’on retrouve à l’endos des livres. 🙂
une très belle idée de texte Pierforest ! on aurait envie d’avoir des pouvoirs en s’écorchant aux arbres en te lisant ! 😉
Je suis bluffée par ton sens de l’imagination ! Très joli texte, qui m’écorche 🙂
@Polina: Qui sait, peut-être que cette écorchure te donnera un pouvoir magique. 🙂
Que se passera-t-il le jour où il devra enlever le petit pansement?
C’est ma première visite chez toi, je suis sous le charme, j’attends la suite…
Le commentaire anonyme juste là avant celui c, c’est moi dans ma maladresse.
Mais, c’est sérieux, j’attends la suite.
@Barbe Blanche: Ton nom m’est familier et j’ai souvent lu tes commentaires sur le site de Zoreilles. Je suis heureux de ta visite. Être l’ami de quelqu’un que j’aime est une excellente carte de visite. 🙂
Que serait la suite de ce début d’histoire? Je ne sais pas trop. Il y a beaucoup de chemins possibles à explorer. Pour le volet curiosité scientifique, Antoine pourrait vouloir retrouver cet arbre et essayer de comprendre le phénomène. Pour le volet politique-fiction, il pourrait exploiter cette magie et se lancer en politique avec l’idée d’apporter des réformes importantes. Il pourrait aussi s’en servir pour imposer la paix. Imaginons qu’il arrive ainsi à une entente historique entre Israel et la Palestine…Pour explorer le volet sentimental, il pourrait vouloir retrouver un amour de jeunesse impossible. Ce doigt magique serait aussi un prétexte pour vivre de l’autre côté des médias, là où les paparrazis traquent chacun des nos gestes. Beaucoup de chemins possibles.
Mais toi, qu’aurais-tu aimé qu’il se passe?
Avec ce qui se passe un peu partout dans le monde, lui serait il possible, d’insuffler une peu d’amour dans le coeur des humains, juste assez pour que règne la paix et le partage?
@Barbe Blanche: Excellente idée…Et j’y pense, peut-être, au fond, n’a-t-on pas besoin d’un doigt magique pour y parvenir.
Ça me rappelle ces paroles de la chanson de Jacques Michel:
N’oublie pas que ce sont les gouttes d’eau qui alimentent le creux des ruisseaux.
Si les ruisseaux savent trouver la mer, peut-être trouverons-nous la lumière ».