Ils avaient tous les deux à peu près le même âge. Quand Oscar est décédé, la douleur a dévasté Cécile. Toute son énergie, toutes ses pensées étaient désormais tournées vers le souvenir de celui qui avait été son compagnon de vie, son ami, son amoureux au cours de toutes ces années. Sur la pierre, on avait gravé:
1888 J.B. Oscar De Sève 1966
époux de
1887 Cécile Barrette _ _ _ _
Il ne restait qu’à remplir la case vide à droite de son nom en inscrivant l’année où Cécile irait rejoindre son bien-aimé.
Quand on perd un être cher, la douleur s’installe brutalement, prenant toute la place, comme une plaie sanguignolante, comme un état de manque omniprésent. Chaque fibre de notre corps, tous nos sens nous rappellent de façon intense la présence de la personne disparue. Une douleur qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Puis, progressivement, le temps fait son oeuvre. Le plaisir de vivre n’est pas revenu, mais doucement la douleur s’estompe, laissant un peu de répit. Quand une fleur perce le sol, le travail est déjà débuté depuis un certain temps. Il en est de même du deuil. Les blessures se referment éventuellement, ne laissant qu’une longue cicatrice, témoin indélébile de la douleur passée, un souvenir marqué dans la chair. Vient un temps où l’on reprend goût à la vie, où l’on redécouvre les petits bonheurs, les sourires, la valeur de l’amitié. Parfois même, plus tard, on sentira son coeur battre à nouveau pour un autre, l’amour renaissant de ses cendres tel un phoenix .
Si Cécile était encore là aujourd’hui, elle aurait 123 ans. Elle est donc vraisemblablement décédée. Pourtant, on n’a rien gravé dans cette petite case à droite de son nom, laissant place à différents scénarios. Je me plait à croire qu’elle a été amoureuse, une fois de plus et qu’elle aura voulu être mise en terre auprès de ce dernier grand amour avec qui elle aura vécu une fin de vie magnifique.